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PREFET DE LA CORSE DU SUD

 

Inauguration d’une stèle en l’honneur du

Général Paulin Colonna d’Istria

 

Patrick STRZODA

Préfet de Corse

 

9 septembre 2012

 

« La Corse a la fortune et l’honneur d’être le premier morceau libéré de la France ».

Ainsi s’exprimait le Général DE GAULLE dans un discours prononcé à Ajaccio le 8 octobre 1943. 

Aujourd’hui, la Corse commémore sa libération. C’était il y a 69 ans.

Cette libération est d’abord l’œuvre des innombrables combattants de la liberté dont le courage, la détermination et le sacrifice ont permis la renaissance de notre pays.

Nous rendons hommage à ces résistants, humbles et modestes, qui ont souvent agi en silence par idéal, par sentiment ou par instinct d’humanité.

Cette œuvre n’aurait pu être accomplie sans l’action d’un homme exceptionnel, le Général Paulin COLONNA d’ISTRIA, dont le rôle aura été déterminant dans cette entreprise de reconquête.

Né le 27 juillet 1905 à Petreto-Bicchisano, dans l’actuel département de la Corse du Sud, il embrasse très tôt la carrière militaire, s’inscrivant ainsi dans les pas de son père.

Après avoir servi au sein du 25e régiment des tirailleurs algériens, il intègre la Garde républicaine mobile de la Gendarmerie nationale.

Le 22 juin 1940, alors que la France renonce à être la France, le Général COLONNA d’ISTRIA est à Alger.

Cet ardent patriote ne peut l’accepter.

Il décide alors de se mettre au service de la Résistance.

C’est du Général GIRAUD en personne qu’il reçut la mission d’unifier, d’organiser et de coordonner les forces de résistance intérieure dans l’île.                                                                     

Nous sommes le 4 avril 1943.

A bord du sous-marin « Trident », le Général COLONNA d’ISTRIA débarque clandestinement à l’embouchure de Travo.

La libération de la Corse commence !

Cet homme courageux qui aimait profondément sa Patrie donna tout son sens au serment de Bastia, par lequel les Corses ont répondu aux revendications mussoliniennes de 1938 : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Français ».

Grâce à sa persévérance et son courage, il parvint à convaincre, tous les mouvements de résistance, de se rassembler sous la seule cause sacrée de la libération.

Traqué par la police politique italienne, il ne renonça jamais à son combat et, au péril de sa vie, il fit de la Corse le premier territoire de France libéré du joug fasciste.

Quelques jours plus tard, le 14 septembre 1943, le Général GIRAUD lui remettait la Croix de chevalier de la légion d’honneur et lui rendait hommage en prononçant les mots suivants :

« Le chef d’escadrons COLONNA D’ISTRIA a, pendant six mois, mené sur sa terre natale une vie de proscrit, relevant les énergies, armant les patriotes, préparant avec un courage indomptable la libération de son pays. A su, pendant les heures tragiques, incarner les plus belles qualités de sa race : fierté indomptable,  haine farouche de l’ennemi et profond amour de la France ».

Soixante-neuf années plus tard, les français ne l’ont pas oublié.

Ils lui doivent la liberté.

C’est avec beaucoup d’émotion que j’inaugure, en ce 9 septembre 2012, une stèle qui porte le nom de ce héros de la résistance, de la libération et de la renaissance.

A l'hommage que nous lui rendons ce soir il faut ajouter le souvenir des grands noms de la Résistance en Corse : Fred SCAMARONI, Arthur GIOVONI, Maurice CHOURY, Henri MAILLOT, Jean NICOLI, François VITTORI, les radios Pierre GRIFFI et Michel BOZZI, ANDREI, VERNUGE.

Nous honorons le souvenir de tous ceux qui prirent les armes au nom d'un idéal ; de tous ceux qui, pour vivre libres, acceptèrent le risque de la mort ; de tous ceux qui, face à la barbarie, se mirent en règle avec leur conscience.

« Le vent souffle sur les tombes/

La Liberté reviendra/

On nous oubliera/

Nous rentrerons dans l'ombre » disait la Complainte du Partisan.

La liberté est revenue et il n'y a pas d'oubli !

La mémoire des grands noms de la Résistance recueille aussi celle des combattants anonymes.

Leur mort n'a pas été vaine.

Elle nous porte.

La justice n'existe, dans le monde et dans l'histoire, que par l'action des hommes de bien, et périt du sommeil de leurs convictions.

Le Général Paulin COLONNA D'ISTRIA faisait partie de la légion des hommes de bien.

Vive la Corse !

Vive la République !

Vive la France !


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