Les Corses
prisonniers des Barbaresques, libérés par Louis XVI en 1779
(d'après un manuscrit original de la
bibliothèque municipale de Bastia1)
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En 1778, la guerre d'Amérique
éclate et il est indispensable - depuis que la France a perdu Minorque
(1763) - de s'assurer la fidélité de la Corse française depuis 1768, car
l'île pourrait être séduite par l'Angleterre (comme elle le sera
d'ailleurs quinze ans plus tard, lors du royaume anglo-corse).
Pour s'attacher les populations corses, Louis XVI imagina alors de faire
racheter des Corses détenus comme esclaves à Alger et Tunis, lesquels " avaient
attiré auprès d'eux leurs épouses et leurs enfants ".
" La présence de ces captifs -
rentrant libres dans leur patrie - sera un spectacle bien frappant pour
la nation corse et un monument de la bienfaisance du roi ".2
Louis XVI donne donc ses
premiers ordres à Sartine, secrétaire d'Etat à la marine, dès le début
des hostilités avec l'Angleterre. Aussi Sartine, excellent restaurateur
de la marine française (après Choiseul), commença-t-il par entrer en
relation avec le comte de Marbeuf, gouverneur de Corse, Boucheporn,
intendant de Corse, et le commissaire des ports et arsenaux en Corse :
M. Reynier du Tillet. En février 17783, Sartine entre en relation avec
les supérieurs des Ordres de la Rédemption des captifs : celui de
Notre-Dame de la Mercy et le Général de l'ordre des chanoines réguliers
de la Sainte-Trinité. Mais Louis XVI en reste là. L'année passe et le
roi abandonne les Corses à leur sort dans leurs bagnes respectifs
d'Alger et de Tunis.
Un an plus tard, les relations
entre la France et la Corse sont particulièrement tendues. Les Etats de
Corse s'ouvrent à Bastia, le 25 mai 1779. Or le député de la noblesse de
Corse - Giacomo Pietro Abbatucci - l'un des principaux personnages de
l'île, est en train d'orchestrer une véritable " fronde " contre
Versailles dont il estime la politique d' " assimilation " à la France
beaucoup trop poussée.
Homme de grande culture, lettré et poète à ses heures, il est accusé
d'être l'auteur d'un pamplet La Corsica ai suoi figli (La
Corse à ses fils). Fin mai 1779, sur ordre de Louis XVI, il est donc
arbitrairement cassé de son grade de lieutenant-colonel d'infanterie
(reçu en 1771). Emprisonné à Bastia, il est condamné le 5 juin 1779 par
arrêt du Conseil supérieur de la Corse, par quatre voix contre trois, à
neuf ans de galère, à la fustigation publique et à la marque au fer
rouge ! Toute la noblesse corse réunie à Bastia s'indigne et proteste
par solidarité à l'égard d'Abbatucci, maintenu noble le 21 décembre
1776. Le jour de la sentence à Bastia, pas un Corse dans les rues, pas
un soldat corse : le bataillon Provincial, prêt à se soulever (Abbatucci
est lieutenant-colonel du Provincial-Corse est consigné dans ses foyers
; pas un témoin sur la place du supplice. Même le bourreau refusa de
marquer au fer rouge le futur maréchal de camp puis général comte
Abbatucci (1723-1813). Abbatucci fut précipitamment embarqué pour Toulon
dans une ambiance irrespirable et alla rejoindre un temps au bagne de
Toulon son compatriote, le comte de Petriconi, autre ennemi personnel de
Marbeuf, nommé par Louis XVI gouverneur de Corse.4
Dans cette atmosphère
extrêmement lourde, Louis XVI voulut faire un véritable " coup "
publicitaire en Corse visant à faire naître " dans
l'âme de ces nouveaux sujets " des " sentiments
d'attachement, de fidélité, de reconnaissance et d'amour ".5
Sartine fut aussitôt chargé de reprendre le dossier d'un éventuel rachat
de captifs corses dans les bagnes barbaresques afin d'imposer une image
positive du roi en Corse. Sartine recontacta donc les supérieurs des
deux ordres Rédempteurs et tous deux eurent pour mission de racheter les
Corses prisonniers sur " les fonds
dont ils étaient dépositaires. "
Afin d'enrayer le mécontentement populaire qui gronde en Corse dès les
premiers mois de 1779, furent immédiatement dépêchés à Marseille le R.P.
André Gache, chanoine régulier de la Sainte-Trinité, ministre de
Saint-Nicolas de Pontharmé, procureur général de la Rédemption des
captifs et le R.P. Charles-Gaspard Dorvaux, ministre de la maison de
Metz, provincial de la province de Champagne, autre religieux de la
Sainte-Trinité. L'ordre de la Mercy leur adjoignit deux autres "
commissaires " : le R.P. Cloudchevillan, vicaire général de la
Congrégation de Paris et le R.P. de Villa, Provincial de la province de
Guyenne.
Très vite, les quatre " commissaires " entrent en contact avec M. de
Saizieu, chevalier de Saint-Michel, consul de France à Tunis, afin de
négocier dans l'urgence les conditions d'un éventuel rachat. Se mettent
alors en branle le commissaire des ports et arsenaux de Marseille
(Bertin), la Chambre de Commerce et l'évêque de Marseille, tous
sollicités par le R.P. Gache, dont la pieuse et vieille mère vit
toujours à Marseille. En peu de jours, l'affaire est conclue d'abord
avec le bey de Tunis puis avec le dey d'Alger : tous deux acceptent de
céder aux deux ordres rédempteurs, et pour 250 000 livres environ : 57
esclaves corses, outre " 24 femmes
et enfants des dits esclaves. " L'opération
publicitaire peut donc commencer. C'est la dernière négociation de
l'Ancien Régime entre le Roi, les Corses et les Barbaresques.
Premier point positif :
certains captifs corses sont " originaires
des environs de Bastia ", mais " un
nombre considérable était de Bonifacio ". Par
conséquent, du Nord au Sud, toute l'île rendra grâce à Louis XVI pour
avoir racheté un fils, un époux, un père. Deuxième point important : la
somme est considérable (un capitaine de vaisseau gagne alors 1800 livres
par an). Mais ce sont les ordres rédempteurs qui procèdent au rachat de
leurs deniers. La cassette du roi et le budget de la marine ne subiront
donc aucune ponction.
Reste à s'assurer du bon état des " captifs ". Un adjoint du bey de
Tunis s'en porte garant (Ali-Chiaou) mais l'un d'entre eux mourut
néanmoins en Barbarie avant même d'embarquer.
Pour les autres, ils furent rapidement recensés, étant assez souvent
restés groupés au bagne, entre compagnons d'infortune, et ayant le plus
souvent été capturés ensemble à la mer. Du reste, la plupart sont
matelots. Le recensement permit d'établir les deux listes suivants :
Corses
rachetés à Tunis en 1779
(le chiffre entre parenthèses indique le
nombre d'années d'esclavage; on notera un jeune homme qui a passé
déjà plus de la moitié de sa vie au bagne (16 années sur 28) et un
vieillard de 80 ans qui totalise 41 années d'esclavage).
-AGOSTINI (Antoine), 39 ans, de Mariana,
matelot (12 ans)
-AITELLI (Félix), 39 ans, matelot, de Mariana, (16 ans)
-ARA (Antoine) et sa fille
-ARICCIA (Antoine-Jean d')
-ASTI (François)
-BUCUGNIANI (Marc-Antoine), 49 ans, matelot de la paroisse
Sainte-Marie de Bonifacio, (18 ans), son épouse Angiela et 5 enfants
garçons et filles, dont l'aîné " n'a
que 7 ou 8 ans ", preuve du mariage de
Marc-Antoine à Tunis au bout de dix années de captivité. Du reste, " le
plus jeune (des enfants) est encore à la mamelle ".
Arrivée malade à Marseille, Angiela y passa quelques jours au
lazaret. Marc-Antoine, malade lui aussi, fut débarqué à Calvi ne
pouvant rester à bord jusqu'à Bastia. Il est du reste mort à
l'hôpital de Calvi. Quelques secours furent demandés au roi pour sa
famille restée " sans
ressources " à peine débarquée " dans
une misère plus affreuse encore que la captivité ".
-BUCUGNIANI (Mathieu), son épouse Marie et
leurs enfants (un garçon et une fille)
-CAREGA (Vincent) et Marie-Jeanne son épouse
-CASTELLINI (Joseph)
-CIAPARRO (Nicolas)
-CORSIGLIO (Barthélemy)
-COSTA (François) et sa fille
-FERETTI (Marc)
-FRATINI (Pierre)
-LANTIERI (Joseph)
-LANTIERI (Vincent)
-MARCHETTI (Sébastien), matelot, 80 ans, de Sagona (depuis 41 ans)
-MARINI (Joseph), matelot, 62 ans, d'Ajaccio (31 ans)
-MATTEI (André), 44 ans, matelot, de Mariana (12 ans), son épouse
Fiora et leurs deux filles
-MATTEI (Joseph), 36 ans, matelot, de Mariana (12 ans)
-MATTEI (Jean-Charles), "grand écrivain", 62 ans, de Nebbio (33 ans)
-MURLANI (Laurent) et Barbe son épouse
-NAPOLIONI (Joseph), 36 ans, matelot, de Mariana (17 ans)
-PAGANO (Dominique)
-PAGANO (Luc), mort au lazaret à Marseille,
durant la quarantaine, le 4 août 1779 aux infirmeries et inhumé le
5.
-POTESTA (Dominique), matelot, 49 ans, de
Mariana (16 ans)
-ROSSY (Georgio), capitaine, 47 ans, de Sagona, et
" chef " du groupe des esclaves ramenés de Tunis (c'est lui qui a la
liste de ses compagnons d'infortune). Accompagné de deux de ses
filles.
-SCASSO (Ange)
-SCIORBA (Boniface)
-SCIORBA (Jean-Baptiste)
-TURELLI (Louis)
-VALLICACCI (Anastase), " Grec Corse ", 36 ans, d'Ajaccio, (12 ans)
et son épouse Cécile. " Il
paraît sage et honnête " (Marbeuf)
-VALSI (François), matelot, 54 ans, du diocèse
de Mariana, (12 ans)
-VENTURINI (Augustin), 28 ans, matelot, de Mariana, (16 ans). A
peine arrivé à Bastia, ce malheureux jeune homme y est mort. Il est
enterré en l'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste. Tous les
captifs ont assisté à son enterrement.
Corses rachetés à Alger en 1779
-ANGIELI (Barthélemy)
-BLANCHETTI (Jacques)
-CAMUGLI (Joseph-Marie)
-CANUCCIO son épouse et ses deux enfants
-CHIESA (Sébastien)
-CORTI (Etienne)
-CULETTI (Jean-Antoine)
-FERETTI (André)
-GIUDICE (Antoine)
-GIULIO (Pierre)
-JACOBO (Martin)
-LEGA (Dominique)
-MARTISI (Marie-Madeleine)
-MATTEI (Pascal)
-MATTEI (Thomas)
-PARODI (Joseph)
-PIETRI (Pierre-François de)
-ROSSI (Jean)
-SIMONI (Jacques-François)
-TUMETI (Dominique)
-VITELLI (Antoine)
Coût du rachat, y compris la rançon, le voyage Tunis / Alger, Alger /
Marseille, Marseille / la Corse, vêtements des " esclaves ", voyage des
quatre " commissaires " : 119 954 livres, 2 sols, 2 deniers payés par
les Pères de la Sainte-Trinité et " pareille
somme " par les Pères de la Mercy. Non compris
600 livres versées au Grec Corse Vallicacci, pour lui permettre de " se
pourvoir des choses nécessaires à la culture ".
Cette somme de 250 000 livres environ comprend
1°) la rançon payée au bey et au dey,
2°) les frais de voyage (dont 8000 livres pour la seule location (ou "
nolisement ") d'un senau neutre - suédois -, le Saint-Octave, commandé
par le capitaine André Aspengren),
3°) le transport des captifs d'abord de Tunis à Alger (pour le "
chargement " des autres) puis d'Alger à Marseille et
4°) le rapatriement des Corses de Marseille à Bastia avec des escales
d'abord à Calvi puis à Saint-Florent afin de transformer le retour des "
esclaves " en véritable entreprise de propagande pro-française.
Le 13 mai 1779, Sartine reçoit à Paris les quatre "
commissaires " religieux et leur affirme son " désir
qu'ils fassent connaître en Corse " l'opération
caritative du roi.6
Le 18, ceux-ci prennent la diligence à Paris.
Le 22, ils arrivent à Lyon.
Le 25, la diligence d'eau (sur le Rhône) les conduit en Avignon. Ils y
arrivent le 27.
Ils en partent dès le lendemain.
Le 29, ils " dînent " (le repas de midi) à Aix et arrivent en fin
d'après-midi à Marseille.
De l'autre côté de la Méditerranée, le 10 juin, les
captifs corses embarquent à Tunis puis passent à Alger (après le 5
juillet) prendre leurs compatriotes détenus au bagne.
Le 23 juillet, les Corses débarquent à Marseille, tous " en
bonne santé ", accompagnés d'Ali-Chiaou " seigneur
turc que le bey de Tunis a chargé de suivre les captifs pour veiller à
la sûreté de leur navigation ".
Le 23 au soir : " leurs chaînes
sont brisées ".
Après une quarantaine de 18 jours aux " infirmeries " de Marseille,
Marbeuf et Boucheporn sont informés le 28 du prochain départ des captifs
de Marseille.
Le 30, les quatre commissaires, arrivés à Toulon, rencontrent le marquis
de Saint-Aignan, commandant de la marine en ce " grand
département " et l'intendant Boucheporn, arrivé
aussi à Toulon avec son épouse. Les commissaires sollicitent une escorte
militaire craignant de rencontrer en mer des corsaires anglais.
Saint-Aignan les rassure.
A Marseille, les commissaires de retour, le séjour des Corses est marqué
par différentes manifestations, notamment des processions jusqu'à la
place de la Loge (où se dresse l'Hôtel Franceschi de Cannelle, depuis
1610 environ) et jusqu'à la place de Lenche (le grand armateur cap
corsin de 1533), processions faites avec des drapeaux aux armes des deux
ordres religieux, des bannières et des croix des deux communautés,
suivies de messes d'action de grâces et autres Te Deum. Les lieux
choisis (Hôtel de la Loge et Place Lenche) ne peuvent que rappeler aux "
captifs " combien la France de François Ier ou des Bourbons a permis aux
Corses de " réussir " dans le royaume. Ces lieux n'ont pas été choisis
au hasard. Puis les Corses furent " rhabillés " avant d'embarquer pour
leur île.
Les quatre commissaires sont
alors priés d'embarquer afin d' " accompagner
(les captifs) en Corse avec leurs familles " et
surtout ils doivent " s'efforcer à
les rendre des Français reconnaissants ".
Le 14 août, tout ce petit monde appareille de Marseille.
Le 15 août est célébré en mer, le lendemain.
Le jeudi 19, le navire arrive à Calvi, ancien préside gênois. Calvi
civitas semper fidelis (Calvi toujours fidèle à Gênes).
D'où la nécessité d'une grande opération de propagande pro-française.
Opération réussie ; toute la ville est là : les Capucins et Recollets,
le clergé séculier des deux paroisses de la cité, l'état-major du
régiment de Beauvaisis, les élites locales. Le commandant de la place
(le marquis de Chaponel) et l'évêque du diocèse reçoivent les Corses en
grande pompe. Nouvelles processions, messes, Te Deum. Acclamations
télécommandées : " Vive le Roi ".
Le samedi 21, les Corses rachetés sont à Saint-Florent. Nouvelles
réceptions, toujours par l'autorité la plus haute du lieu : le
commandant de la place. Puis le voyage s'achève - par voie de terre -
(pour impressionner les populations quant à la " grandeur " et à la "
bonté " du roi de France) jusqu'à Bastia où l'arrivée des captifs " produit
une sensation avantageuse " (et souhaitée) au
milieu d' " un grand concours de
peuple ".
Réceptions encore du subdélégué général de l'intendant en Corse (M. Le
Changeur) et des officiers municipaux, de l'évêque (Mgr Citadella), du
clergé séculier et régulier (Capucins, Recollets, Cordeliers, Servites),
du comte de Turpin (commandant à Bastia en l'absence de Marbeuf), de M.
Régnier du Tillet, de M. le chevalier Caraffa, chevalier de Saint-Louis,
prieur de la chapelle de la Miséricorde, des militaires et de " la
musique militaire ", des officiers du Conseil Supérieur, de M. Baude,
Président au Conseil Supérieur de Corse, de M. Joubeca (sic pour
Giubega), greffier en chef des Etats de l'île de Corse, de MM. les
chanoines de la cathédrale des Jésuites, des députés des Etats, des
confréries des Pénitents.
Les offices religieux se succèdent : messe le dimanche 22 en l'oratoire
Santa Crocce. Messe le 23 en l'église paroissiale Saint-Jean, pour le
jour anniversaire de la naissance de Louis XVI. Messe le 25 (pour la
Saint-Louis) dans l'oratoire de la Confrérie de la Miséricorde, etc (Te
Deum, bénédiction du Saint-Sacrement). Les captifs furent logés au
Séminaire où tout le monde leur demande " une
fidélité inviolable pour le prince bienfaisant qui avait fait briser
leurs chaînes ".
Texte extrait de La guerre de
course en Méditerranée (1515-1830), colloque de Bonifacio (1999), textes
réunis par Michel Vergé-Franceschi et Antoine-Marie Grazziani (une
coédition PUPS/éditions Alain Piazzola, 2000 - pages 249 à 257)
http://www.lafoliedix-huitieme.eu/les-lys-leur-eclat/topic2300.html
1. Texte français revu par M. le conseiller de Caraffa in Bulletin de
la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse, Bastia,
1886, nos 62 et 63, édit. Ollagnier, p. 163-218
2. Lettre du 28 juillet 1779, ibid, p. 175.
3. C'est le 6 février 1778 que Vergennes propose de signer un traité
d'alliance et un traité de commerce entre la France et les USA déclarés
indépendants depuis le 4 juillet 1776.
4. Voir notre Histoire de Corse, Paris, le Félin, rééd. 2000, t. II, p.
403-404
5. Lettre du 23 juillet 1779, citée in BSSHNC, fév.-mars 1886,
fascicules 62 et 63, année 1886, p. 173.
6. Lettre de Sartine à Gache du 17 mai 1779. " Fin août, tout le monde
se félicite de l'opération : Sartine, qui veut " faire
valoir dans cette île cet acte de générosité et de bienfaisance de Sa
Majesté " (Versailles, 9 août). Marbeuf, heureux
de cette " mission très propre à
faire bénir (en Corse) le Souverain " (Ajaccio,
29 août). Seule note discordante : l'évêque d'Aléria auquel personne ne
rendit visite et qui prétend être à l'origine de la demande (chrétienne
et non publicitaire) de rachat des captifs lors d'un séjour parisien
(Cervione, 27 août).
Le 2 septembre, les derniers Corses libérés arrivent à Bonifacio (ancien
préside gênois) à 6 heures du matin. Nouvelles manifestations
populaires. " Notre entrée dans
Bonifacio ressemblait à un triomphe ". Nouvelles
réceptions : les officiers municipaux, le commandant de la place (M. de
Mainbourg), le subdélégué de l'intendant et juge de Bonifacio (Rossi),
le curé de Bonifacio, les confréries de Pénitents, le trésorier et
directeur de la douane (M. Le Blanc).
Nouvelles processions, messes, Te Deum. Seuls, les quatre commissaires
rédempteurs allèrent enfin présenter leurs respects à Marbeuf, resté
prudemment à Ajaccio, en attendant que s'oublie quelque peu
l'arrestation d'Abbatucci. Le dimanche 5 septembre, Marbeuf les
accueille.
Nouvelles réceptions chez M. Souri (subdélégué de l'intendant), M. Ouvel
(chargé des fortifications), M. Sbourlati (apothicaire). Illuminations
et décharges de canon se succèdent devant Marbeuf, titulaire du grand
cordon de Saint-Louis (depuis la veille !). Enfin, vint le départ des
Rédempteurs le 8 septembre. Le 9, ils relâchent à Calvi. Le 11 à "
Saint-Ouri " (sic pour Centuri). Le 12 à Bastia. Là, les Rédempteurs se
séparent. Le Père de Villa gagne Toulon " sur
le bateau de poste ". Les trois autres religieux
gagnent " Livourne sur le bateau
nommé La Conception, capitaine Semidei " (de
Centuri). Ils y arrivèrent le 19.
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