Monseigneur JEAN-BAPTISTE COLONNA d'ISTRIA

1er évêque de Nice

P.R. Chapusot,édition P. Lethiellieux

Extraits


...Quelle fut l'enfance de Jean-Baptiste ? Il aurait été affligé d'une paralysie de tout le côté gauche du corps. Ses parents craignaient qu'il ne perdît la vie ou qu'il ne restât perpétuellement paralysé. Ils le portèrent alors dans une chapelle dédiée à sainte Reparate où il obtint sa guérison. Quelle coïncidence ! Il devait être nommé au diocèse dont elle est la titulaire. Sa mère, remarquable par sa piété et le sentiment de ses devoirs, lui inculqua les premiers rudiments de la religion. Il fit ses premières études à l'école du village tenue par les frères Observantins, et à douze ans il fit sa première Communion. Ce fut sans doute ce jour-là que germa en lui la vocation sacerdotale et le bonheur qu'il y goûta alluma en lui un ardent désir de se consacrer à Dieu dans l'état ecclésiastique. T ses progrès tout l'y prédisposait, et à l'école ses progrès le mettaient au rang des meilleurs élèves; il les surpassait tous en sagesse et en piété et e faisait remarquer par une profonde charité envers les pauvres, ce qui demeura une  des caractéristiques de sa vie. Il servait de modèle à ses condisciples et sa vue inspirait la vertu. C'est en Corse également qu'il   poursuit ses études secondaires au lycée de la ville où il laissa le souvenir d'un parfait élève. Il aimait aussi à consulter les personnes qui l'encourageaient dans ses efforts spirituels et l'aidaient à affermir sa vocation. Mais par suite de la fermeture du séminaire d'Ajaccio, les séminaristes devaient poursuivre leurs études à Aix, ce qui renouait une ancienne tradition. Lorsque la Corse fut réunie à la France, le Roi accorda des bourses aux ecclésiastiques allant à Aix. Ce séminaire héla ! ne remplaçait pas les séminaires insulaires de Bastia, Ajaccio et Aléria qui existaient depuis longtemps et n'étaient nullement négligeables... En 1779, Jean-Baptiste fut inscrit pour le concours des bourses et obtint trente-deux voix favorables. Il y avait une raison à cet envoi des séminaristes à Aix, c'est que l'on ne voulait pas des séminaristes locaux, qui dans ces périodes troublées formaient des prêtres en trop grand nombre et dont beaucoup laissaient à désirer. L'élite des candidats à la prêtrise venait d'Aix, où les études étaient plus sérieuses par suite du choix plus facile des professeurs. (page 18)

C'est à Aix qu'il fit la connaissance du futur cardinal Fesch, oncle de Napoléon et de Mgr de Mazenod qui devait s'illustrer sur le siège de Marseille. A Aix comme chez lui, Mgr Colonna d'Istria se signala par son amour du travail et sa profonde piété. Que ses études aient été fortes, nous en avons pour preuve ses diplômes de bachelier, licencié et docteur en théologie. Nous avons aussi les appréciations de l'un de ses condisciples, Mgr de Maugaillan, qui disait en 1828 à un ecclésiastique de  Nice : «Monseigneur votre évêque était le plus profond théologien de son temps » ou encore ce que Mgr de Mazenod écrivait au même ecclésiastique : « Mon cher abbé, je suis venu tout exprès à Nice pour refaire connaissance de votre saint évêque, il était de son temps le premier au séminaire.» Lorsque Pie VII terminait son premier voyage, il disait de l'évêque de Nice : «L'Eglise de Nice est bien basée sur une colonne ! » Il est ordonné prêtre en 1782 et c'est alors qu'en prévision des troubles politiques de la France, il va à Pise où il reste assez longtemps, puis à Florence. Il passe son temps dans la lecture des livres concernant son état et s'adonne aux exercices d'une piété toujours aussi édifiante. Vers 1790, il revient pour la première et seule fois en Corse et c'est pendant ce court séjour qu'il va faire la connaissance de Bonaparte. (page 18)

En 1792, en effet, Napoléon Bonaparte, commandant le bataillon des gardes nationaux d'Ajaccio et regagnant Bastia, s'arrêta à Petreto Bicchisano et l'hospitalité lui fut offerte dans manoir cossu de la famille Colonna d'Istria. IL fait la connaissance du jeune abbé qui était teinté de jansénisme et faisait un contraste assez frappant avec l'ensemble des ecclésiastiques corses qui ne voyait guère dans leur nomination qu'un état honorable. Le jeune abbé à qui rien ne manque des privilèges de la fortune, est de haute souche mais a toutes les apparences d'un ascète. Il l'est en réalité comme il le restera toujours. Il a l'austérité du comportement comme des idées, il écarte délibérément toutes les facilités de l'existence. Après cette rencontre qui devait avoir de si grosses conséquences, car Napoléon l'avait beaucoup apprécié, il repart à Rome où viendra le trouver sa nomination épiscopale. (page 19)

Il avait failli être nommé à Ajaccio à la lace de Mgr Sébastiani, nommé la même année, 1802. L'abbé Colonna était le candidat du cardinal Fesch, mais deux raisons entraînèrent Napoléon pour le choix de Nice. L'Empereur voulait d'abord être agréable à Horace Sebastiani en nommant son oncle à Ajaccio, puis, pour le siège corse, il préférait un ecclésiastique qui n'avait pas prêté le serment constitutionnel, sans avoir pour cela aucune intention. Il ne faut pas oublié que le jeune abbé en revenant en Corse en 1790, y est pris dans le tourbillon révolutionnaire et qu'il ne s'en dégage qu'en prêtant le serment constitutionnel par entraînement comme il s'était séparé d'une famille dont l'ambiance était tourmentée comme toutes celle de sa classe par des violentes réactions. C'est pas sa famille que le cardinal Fesch l'avait connu à la suite de l'alliance de sa famille avec celle d'Ornano. C'était un peu Fesch, doyen du chapitre d'Ajaccio, qui l'avait entraîné au serment. Il lui restera fidèle et, après son échec pour le siège d'Ajaccio, il obtient pour son protégé le siège d'Ajaccio. (page 19/20)

Après son sacre et avant son départ pour Nice, Mgr Colonna sera témoin à celui du futur cardinal Fesch, nommé archevêque de Lyon, qui fut présidé par le cardinal Caprara. Mgr Colonna avait alors quarante-trois ans. Une gravure nous le représente au vif avec son visage maigre, bien sculpté, au large front, avec une chevelure bouclée qui ondule et dessine l'harmonieuse splendeur du visage. Avec ses pommettes que le décharnement fait saillir, son nez effilé et son menton pointu, l'ensemble un peu trop anguleux, lui donnerait une impression de dureté si la lumière profonde de ses yeux ne venaient l'éclairer et l'adoucir d'une généreuse bonté. (page 20)

Avant de regagner Nice et pour faire montre de ses profonds sentiments de respect pour l'autorité et aussi pour montrer son esprit de généreuse collaboration, il envoie, le 10 thermidor, la lettre suivante au préfet :

«J'ai appris par une lettre du 13 prairial envoyée par le pro-vicaire général Rossi du diocèse de Nice que vous aviez destiné l'ancien évêché pour mon habitation. J'espère en conséquence le trouver prêt au commencement du mois prochain et dès à présent, je vous en témoigne ma plus vive reconnaissance. Recevez-là, Citoyen Préfet, comme un gage de l'amitié que je vous ai déjà vouée et qui ne saurait être trop intime pour le bien de la religion et de l'état. C'est de notre accord que dépendent la tranquillité et le bonheur du département ; je le regarde comme un de mes devoirs les plus essentiels, aussi, je me prêterais de toutes mes forces à ce qui peut y contribuer. Veuillez bien, Citoyen Préfet, seconder cet esprit d'union et de paix, nous nous attirerons la bénédiction du ciel et de la terre. En attendant, je vous prie d'être persuadé de la sincérité de ces sentiments  tandis que je suis avec la plus parfaite estime,

Votre très humble et très obéissant serviteur. (page 20)

Colonna d'Istria évêque de Nice.»

... Cette nomination fut-elle bien acceptée par les Niçois ? Quel accueil allait-ils faire à une évêque français ? Deux faits sont assez significatifs de leur réticence. En effet, chose assez rare, le Pape envoie à la municipalité et au peuple de Nice une bulle sous plomb annonçant la nomination de Mgr Colonna d'Istria, et demandant que la plus entière obéissance fut prêtée à l'évêque nouvellement nommé. Le deuxième fait réside dans son arrivée dans sa ville épiscopale. Le 4 juillet, l'évêque montait à Marseille sur une felouque qui devait le mener à Nice. Pour le recevoir et lui souhaiter la bienvenue, le préfet, avec une simplicité toute lacédémonienne, avait envoyé au devant de lui deux gendarmes et une voiture qui l'attendaient sur le quai. Heureusement deux prêtres que le hasard avait amenés au port, et qui, dans ce prélat, devinèrent leur évêque, s'adjoignirent aux gendarmes et le conduisirent à la préfecture, ôtant à ce transport toute l'apparence d'une arrestation. (page 22)

... Ce qui frappe chez lui, c'est son esprit de pauvreté et d détachement... Dans un de leurs visites, ses frères lui demandèrent de leur donner un portrait peint à l'huile le représentant dans ses habits  pontificaux ; il leur donne bien volontiers mais à condition qu'ils paient le peintre, ce qu'il n'a pu faire. Lorsqu'il mourra à Rome, le cardinal Fesch, qu'il avait institué son légataire universel ne pourra donner à sa famille qu'un calice en vermeil actuellement à l'église de Bicchisano, et son anneau pastoral. À Mgr Galvano, son successeur, il lègue sa crosse, sa mitre et eux autres calices avec leur patènes. Nommé grand-croix de la Légion d'honneur par l'Empereur, qui le tenait en haute estime, chevalier du grand cordon de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare, il n'accepte ces dignités que pour l'honneur de son diocèse. (page 31)

Il fut avant tout d'une admirable charité. «Que voulez-vous, disait-il à de grands personnages, tant que j'ai quelque chose dans mes appartements, je sens que les pauvres n'ont rien.» On peut dire que ce fut le trait dominant de sa vie. (page 31)

... C'est cet esprit de charité qui le faisait l'adversaire acharné des dénonciations inspirées par l'envie et la jalousie. L'évêque de Trèves s'en était entretenu avec le Souverain Pontife à Fontainebleau et rapporte cette parole u Pape : « Ce prélat de Nice, je le connais bien et je sais tout le bien qu'il fait ! » Quel bel éloge venant d'un si haut personnage. Un octogénaire de Bicchisano, sa paroisse natale, certifiait encore en 1833 que, chaque année, il envoyait une somme d'argent pour marier une jeune fille du pays reconnue comme rosière. Le Roi Charles-Félix, au courant des difficultés financières de Mgr Colonna d'Istria en 1830 lui fit don de 8 000 lires pour l'achat de meubles convenables. Monseigneur reçu le cadeau royal avec beaucoup de reconnaissance, mais, en peu de temps, le distribua aux pauvres, montrant une fois de plus comme il savait s'oublier en faveur des malheureux. (32)

...Bref, il fut dans toute l'acception du mot le « Père .» Vie consacrée à l'édification du clergé, des classes dirigeantes, ne désirant que l'union de tous. Il offrait le modèle parfait de la prudence évangélique, d'une affable bonté, d'une sainteté exemplaire, mais d'une fermeté à toute épreuve contre le désordre et l'injustice. N'était-ce pas l'application de sa devise « Fortiter et suaviter », ce que nous traduirions par « Une main de fer dans un gant de velours. » (Page 34)

... Parmi tous ses soucis,Mgr Colonna eut eux grandes joies ; ce fut de recevoir deux fois le Souverain Pontife Pie VII à Nice. Le premier passage eut lieu en 1809 alors qu le pape était transféré de Savone à Fontainebleau... Il dit à l'évêque en partant : «Je demande à Dieu de bénir et de protéger Nice. A mon passage en France on m'a donné de grands marques de dévotion et d'attachement, mais dans aucun endroit, la manifestation ne se fit plus touchante qu'à Nice et cette chère ville occupera une portion dans mon cœur.» (Page 35)

Quand en 1814, le Pape retournant en Italie repassa par Nice, Mgr Colonna lui prépara une magnifique réception... C'est en souvenir de cette visite et en témoignage de reconnaissance de cet accueil que le Souverain Pontife envoya au conseil municipal de la ville son prtrait dédicacé et une lettre autographe que l'on peut voir encore aujourd'hui dans la salle des séance du Conseil. Les entretiens que Mgr Colonna eut avec le Pape contribuèrent à renforcer singulièrement l'autorité de l'évêque et ajoutèrent un lustre à la réputation de sainteté que lui valaient ses aumônes et sa piété. (Page 36)

... Il semblerait qu'après un tel effort soutenu pendant trente années, Mgr Colonna allait pouvoir jouir en paix des fruits de son apostolat dans l'affection de tous. Hélas ! Il n'en fut rien. Au contraire c'est un véritable calvaire qui allait commencer pour lui, mais qui mettra d'avantage encore en valeur ses vertus éminentes. Car la cabale contre l'évêque français existait toujours et surtout dans le milieux des émigrés, revenus après la reprise du régime sarde. Il fallait obtenir que Mgr Colonna  quittât son siège, mais comment obtenir son départ ? Il n'y avait aucun motif valable ; alors la calomnie et le mensonge vont s'en donner à coeur joie. D'autre part il ne pouvait être question d'user de la violence, ce qui aurait été très mal vu par la population attachée à son évêque ; on savait aussi que ni l'argent ni les décorations ne pouvaient tenter son âme si belle. Alors on agit par-dessous. De soi-disant bonnes âmes pieuses allaient répétant : « Ses forces baissent, sa mémoire est vacillante et son esprit perd de sa lucidité. »... C'est alors que comte de l'Escarène écrit au cardinal Morazzi, mais celui-ci répond que les arguments invoqués n'ont pu décider le Roi à déposer l'évêque, et que le souverain ne jugeait pas comme on l'avait écrit que l'évêque était devenu d'un état déficient, un « divenuto pazzo » tombé dans l'imbécilité et incapable de faire le bien. Le cardinal suggère de recourir à d'autres arguments plus modérés, de sorte que cet acte ne cause pas top de dépression physique à Mgr Colonna, en se bornant simplement à évoquer un état de santé déficient. Pendant ce temps le roi Charles-Félix nommait comme ministre de l'intérieur M. Floquet, qui se ra,ge du côté des accusateurs. C'était un atout de plus, pour favoriser le départ du Pontife.

Le 24 juillet 1833, le comte de l'Escarène alors aux bains de Valdieri pour sa santé écrit au gouverneur de Nice. 

« Je vous envoie la lettre du cardinal Morazzi pour être remise à ce prélat dont la mémoire est affaiblie au point qu'il ne peut continuer à administrer le diocèse sans les plus graves inconvénients. Le Roi, en m'autorisant par le canal de son Éminence, m'a ordonné de vous la transmettre pour qu'après en avoir pris connaissance et l'avoir lue vous la lui remettiez. Si vous êtes assez lié avec Monseigneur l'évêque pour la lui remettre directement et lui offrir dans cette circonstance mes consolations et les conseils dont peut avoir besoin ce saint évêque, ce mode aurait l'avantage  d'un secret plus certain et d'éviter la manifestation de peine et mouvements qui pourraient lui échapper malgré l'humilité et  et la résignation à la volonté de Dieu qui dans un vieillard aussi respectable existent au suprême degré. Vous recevrez directement la réponse et la ferez passer à ses destinataires ou par mon intermédiaire ou tout autrement. Je  tiens à vous dire que si vous ne pouvez le faire directement, vous pouvez le faire par l'intermédiaire de son confesseur et ce serait à désirer que ce fût l'abbé Baudoin, archiprêtre de la cathédrale afin que l'évêque ne croie pas avoir perdu l'estime du Roi. Personne ne peut affirmer plus positivement que moi que Mgr Colonna a été pendant les moments les plus difficiles un père pour ses diocésains et vous savez qu'à Nice et dans la province il n'est personne qui ne soit plein de vénération pour lui, d'attachement et de reconnaissance pour ce respectable pasteur. » (Page 38)

Le 27 juillet, le gouverneur rend compte au comte de l'Escarène de sa mission et lui souligne qu'il a tout fait pour éviter toute publicité, comme il était demandé à Turin.

« Je me suis rendu par conséquent chez lui à 11 heures. Monseigneur était dans son oratoire à prier ; j'en ai profité pour parler à son frère, moine venu de Rome pour l'assister et diriger sa maison  . Ce religieux aussi bon et vertueux que le saint prélat, me témoigna la plus  heureuse satisfaction de la lettre de son Éminence ; je lui demandais de faire passer cette lettre à Monseigneur et ensuite de m'introduire auprès de lui. La rencontre fut honnête, le moine voulant m'appuyer et je lui en ai manifesté le plus grand respect. Monseigneur écouta ce que j'avai à lui dire sans la moindre émotion, me dit qu'il n'avait pas cherché à être évêque et qu'il était prêt à renoncer sans la moindre peine. Ici apparaît en pleine lumière la grandeur d'âme de Monseigneur Colonna d'Istria ; recevant le pli il a ajouté : " Je ne veux ni connaître le contenu, ni lire les signatures, parce que comme évêque et comme chrétien, je me trouverais obligé d'avoir des égards pour les accusateurs et l'amour d'un bon pasteur doit être égal pour tous." Je vous demanderais, Monsieur le comte, de bien vouloir demander toutes les marques de la bonté royale pour ce vénérable prélat. » (Page 39)

...On lui demanda s'il avait besoin d'argent : « Nous n'avons besoin de rien, "di niente" » répondit-il fièrement. On lui offre une pension de 7 000 lires, mais il répond qu'un pauvre prêtre n'a besoin de rien  et que du reste, la somme lui paraissait trop forte, étant doné sa résolution de se retirer dans un couvent. Et il fit comme il l'avait dit. (Page 40)

Devinant la peine que son départ allait causer à  ses diocésains, il voulut leur annoncer lui-même ce départ, mais en masquant les véritables motifs : « Notre âge avance ; les inconvénients de santé nous rendent chaque jour plus lourd le poids de l'épiscopat. Chaque jour no forces s'affaiblissent et j suis persuadé que c'est la volonté du Seigneur que pour le plus grand bien de vos âmes, je résigne la direction de ce diocèse, sûr que vous y verrez une nouvelle preuve de Notre amour pour vous. »

Avec ces dernières paroles pleine de tendresse et d'attachement, il se recommandait aux prières de ses prêtres et des fidèles et leur donnait une dernière bénédiction. C'était le 17 octobre 1833.

... Voici le texte de l'inscription gravée sur la pierre qui fut placée dans le coeur de la cathédrale près du maître-autel.

A JEAN- BAPTISTE COLONNA D'ISTRIA

de l'église de Nice pendant six lustres et plus évêque excellent

au Père des pauvres rempli de bonté

Sur le Siège épiscopal brillant par sa sainteté et sa prudence

Magnanime dans sa généreuse abdication,

Par la magnificence de notre auguste Roi Charles-Albert

Comblé d'honneurs.

Les brebis de son troupeau gémissant dans leur coeur

et le Chapitre Cathédral

ont décidé ce monument éternel de vénération et de gratitude

An 1833 aux Kalendes de Novembre.

... Il partit alors pour Rome et ne s'arrêta qu'un moment à Gênes pour faire sa visite de congé au roi Charles-Albert. C'est la première fois que le Roi recevait l'évêque de Nice, victime comme lui des intrigues politiques et des trahisons humaines, « pratiques secrètes assez fréquentes et routinières de l'atavisme niçois » note un contemporain. Le roi Charles-Albert lui offrit une décoration : il la refusa comme il avait refusé le siège de Florence qui lui était offert. Il ne voulait retenir que sa légion d'honneur que l'Empereur lui avait remise lui-même . « Et puis, disait-il, ma croix d'évêque m suffit ! » Il se retira au couvent de Sainte-Sabine à Rome, dont son frère était prieur, et c'est là qu'il mourut le 2 mai 1835. Dans sa modeste cellule, un seul objet précieux : une statuette en argent de sainte Reparate, don du conseil municipal de Nice, sous les regards de laquelle il voulut rendre le dernier soupir. Auparavant il avait fait vendre par son frère sa croix pectorale, son anneau, ses gants et ses souliers. Il avait pour expliquer ce geste une parole qui le dépeint bien: « Je ne veux pas descendre dans le tombeau en emportant quelque chose des pauvres. » Il fut inhumé dans l'église de Sainte-Sabine ou on peut voir ecore aujourd'hui sa pierre tombale... 

(En cours de saisie, à suivre)


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