1.
l’Abbadia di Santa Maria di Taravo :
Les ruines sont actuellement presque
invisibles. Il s’agissait d’un édifice de petite dimension, une
douzaine de mètres sur 5 à 6m de large, son orientation classique était
Est-Ouest. Il se terminait à l’est par une abside circulaire.
L’appareil utilisait haut par endroit de
0,20m, était apparemment régulier et utilisait des bocs plutôt
petits, que l’on retrouve dans les murettes des champs voisins.
On ne peut donner une datation très sérieuse
de ces maigres vestiges. L’utilisation du mortier de chaux comme liant
permet de p, penser une datation assez haute, mais il est difficile d’évaluer
une date avec certitude. Disons la période comprise entre le XIème
et le XIVème siècle.
Sur le plan archivistique, l’Abbadia de Santa Maria du Taravo
est mentionnée comme faisant partie des possessions de l’abbaye bénédictine
de San Bénigno de Gênes.
Ce n’était qu’une église secondaire dépendante de l’Abbadia
de Cruscaglia située à Moca Crocce.
Une lettre du pape Eugène IV (pape du 3 mars 1431 au 23 févier
1447) datée de 1441 (1),
nous apprend entre autre que l’Abbadia de Santa Maria du Taravo étaient
ruinée.
Le pape écrivait en fait au piévan
de Bonifacio auquel il demandait de bien vouloir s’informer sur la
requête d’un certain François Sozoni, de « Corsicaglia »,
celui-ci, religieux Augustin des Servites de Marie désirait que lui
soit concédée l’abbaye de Cruscaglia (Moca Crocce) ruinée… ˝causantibus
guer(,) et aliis calamitatibus…˝ ainsi que l’église rurale
Sainte Marie du Taravo abandonnée depuis longtemps… ˝que dirupte
erat ac rectore longissima tempora caruerat…˝. Ceci avec
l’accord de l’Abbaye ˝Sancti Benigni de Capité Fari de Venaria…parochialis
ecclesia de Corsicalica sine monaterium nuncupata dicti ordini Sancti
Benedicti Adjacensis diocesis et ab eodem monastério dependat…˝.
Il semble donc que cet acte devait conférer les bénéfices de
ces abbayes à d’autres que l’abbaye de San Benigno, en fait une
lettre de 1564 (2) prouve qu’à cette date le Monastère de San
Benigno de Gênes conférait encore le bénéfice de Santa Maria et de
ses dépendances.
Voici ce qu’écrivait l’abbé Casanova dans son histoire de
l’église Corse :
Saint Grégoire parle encore d’un autre
couvent dû aux libéralités d’une pieuse femme -religiosa femina-
appelée Albina ou Labina. Il n’est pas encore habité - c’est peut-être
l’abbaye bénédictine de Valle, aujourd’hui Taravo. Elle était dédiée
à Saint Leonard, et l’église actuelle à Notre Dame.
Elle avait dit-on
12000 livres
de revenus. Elle administrait
la Paroisse
d’Olmeto qui était alors un prieuré cure, c’est-à-dire une cure
desservie par un religieux. En 1327, l’abbé Nicolino de Puriano ou
Furiano fut nommé visiteur de Saint Jacques de Bonifacio diocèse
d’Ajaccio. Il est probable qu’elle ait été détruite part les
sarrasins vers cette époque. Depuis lors, le titre d’abbé est resté
au curé d’Olmeto qui l’a gardé jusqu’à
la Révolution
(4). Cette abbaye ne dépendait ni de Montechristo, ni de Gorgone, elle
était indépendante. ˝ En fait, sur ce point, l’abbé Casanova
se trompait. L’abbaye de Santa Maria di Taravo dépendante de celle de
Cruscaglia était une possession de
l’abbaye bénédictine de Benigno de Gênes. Nous pourrions sur ce
simple détail voir combien les conséquences seront grandes pour
l’avenir de
la Corse
toute entière, car il semble bien qu’après Bonifacio bastion irréductible
de
la Sérénissime République
de Gênes, ce soit par le Taravo et aux demandes des populations de
cette région que les génois
s’introduisirent en Corse au XIIème siècle. D’après
la tradition, le génois Luciano de Franchi fonda le Castello qui devait
quelques temps plus tard appartenir à la maison d’Istria au dessus du
col de Calaccia (actuelles ruines du Castello d’Istria). En fait on
pourrait rattacher à l’évolution historique générale, cette
implantation religieuse de Gênes dans la vallée du Taravo. L’action
des religieux n’aurait-elle pas eu pour conséquence d’incliner les
populations autochtones vers les intérêts de
la Sérénissime
République
, au détriment de sa rivale : Pise.
Nous pourrions ici à partir de quelques exemples ouvrir aussi une
série de questions concernant l’architecture romane-pisane et ses
(illisibles).
LA CASA
DE
L’ABADIA
Cette imposante demeure, témoigne de l’insécurité de la côte
aux XV ème et XVII ème siècles. Elle semble
avoir été construite en 1653 par Alexandre Istria, qui demandait à
cette même date l’autorisation de reconstruire l’église de Santa
Maria di Traravo (5).
Nous ne savons pas s’il reconstruisit effectivement cette église,
mais cela paraît peu probable, en revanche, il construisit la maison. Ses
armoiries figurent sur la porte principale, une tour donjonnée surmontée
d’un balance de justice, il est à noter que l’une des tours est
moins haute que l’autre, on se plait à y voir le signe d’une
branche cadette de la famille des Colonna d’Istria.
En fait, cela est peu vraisemblable, car Alexandre Colonna
d’Istria, fils d’Ercole d’Istria descendait en ligne directe de
Ghilfuccio d’Istria, il appartenait bien à la branche aînée des
Colonna d’Istria.