Dans
la langue très codifiée des héraldistes, les armoiries de la Corse sont...
...
«d'argent, à la tête de Maure de sable, tortillée du champ»
Pour
«traduire» cette description, il faut d'abord préciser que l'héraldique
utilise des émaux, comprenant (notamment) cinq couleurs et deux métaux.
Les
cinq couleurs: azur (bleu), gueules (rouge), sinople (vert), pourpre (rouge
profond violacé), et sable (noir). Les deux métaux: or et argent.
Ces
émaux peuvent être figurés en enluminure (couleurs réelles), ou par des
signes conventionne (hachures...), notamment pour les ouvrages imprimés (en
noir et banc). Le signe conventionnel de l'argent est un simple fond blanc.
La
description commence par le champ, c'est-à-dire le fond:
«d'argent...»
«à
la tête de Maure de sable»,
c'est-à-dire noire (certains traités d'héraldique notent qu'il est inutile de
préciser cette couleur: la tête de Maure est forcément «de sable».)
«tortillée
du champ»
signifie que la tête porte le bandeau, qui en héraldique couronne toujours la
tête de Maure, et que celui-ci est d'argent, comme le «champ».
Enfin,
à l'origine, les armoiries sont destinées à figurer sur l'écu d'un
chevalier. La figure (tête de Maure, par exemple) est tournée vers la dextre:
c'est-à-dire vers la droite du chevalier et... vers la gauche de celui qui
regarde.
On
a beaucoup glosé sur tous ces éléments, et Pascal Paoli lui-même a voulu
attribuer au bandeau la signification de la souveraineté retrouvée des Corses
(Antonetti, 1980, p.26, n°36). Pour certains, ce bandeau blanc est en effet le
signe d'une autorité royale (diadème des souverains hellénistiques par
exemple). Pour Théodore de Neuhoff, cet aventurier allemand devenu roi de Corse
d'Avril à novembre 1736, le bandeau descendu sur les yeux était, au contraire,
le signe de la dépendance passée des insulaires, et il le souligna en ajoutant
une chaîne aux armoiries. Le collier de perles et la perle d'oreille qui
apparaissent fréquemment à cette époque sont moins des attributs héraldiques
qu'une contamination du répertoire décoratif du temps. On dit aussi que la tête
était tournée vers la gauche, alors que la tête est simplement tournée à dextre,
ce qui correspond à la norme.
«Apparue
à la fin du XIIIe
siècle sur les sceaux d'un roi d'Aragon, portée peut-être par quelques chefs
corses du parti aragonais aux XIVème
et XVème
siècles, reparue sur un atlas italien du XVIème
siècle, répandue par lui à travers l'Europe des cartographes, ramenée en
Corse par Théodore de Neuhoff en 1736, devenue avec Paoli l'emblème officiel
de la Corse indépendante, telle est l'extraordinaire parabole historique de la
tête de Maure» (Pierre
Antonetti: «Le
drapeau à tête de Maure», Études
d'histoire corse - Ajaccio, La Marge, 1980).
Reste
le choix de cette figure. Les armoiries peuvent être parlantes (lorsque la
famille se nomme Mori, Morelli, Morazzani...) ou allusives: rappel de la
victoire d'un chevalier chrétien sur un adversaire «maure»; mais de quel chrétien
et de quel Maure s'agit-il? On a voulu voir, dans cette image, le souvenir de la
reconquête de la Corse sur les Sarrasins. Pierre Antonetti rappelle que «l'emblème
n'est pas né dans notre île, qu'il y a été importé par les rois d'Aragon».
Toutefois, les Corses se le sont approprié, et il suffit de rappeler que le résistant
Jean Nicoli le revendiquait jusque dans sa prison, avant d'être exécuté par
les fascistes.
Moresca
– Exposition temporaire du 10/07 au 30/12/1998
Musée de la Corse – Citadelle de Corte
http://www.noitutti.com/articles.php?lng=fr&pg=298
Storia di a nostra bandera.
"
Dans sa
pureté primitive, la tête de Maure est " dextre ", de "
sable
", " animée ", "
tortillée ", sans collier ni
pendentifs, et coupée au ras du cou. ". [...] " Quant au tortil, il
est soit sur le front, soit sur les yeux. Et il peut même manquer, bien que sa
présence soit donnée, par la plupart des traités d’héraldique, comme un
élément essentiel de la figure........
[...] " En ce qui concerne la Corse, retenons
que l’emblème n’est pas né dans notre île, qu’il y a été importé par
les rois d’Aragon et qu’il n’y est attesté ni à la fin du XIIIè, ni au
début du XIVè siècle. "
[...] " S’il n’est pas absolument exclu que
certains chefs corses aient pu prendre la tête de Maure comme enseigne de leurs
fanions et étendards, il est en revanche certain que le drapeau à la tête de
Maure n’a pas été, en cette même période [XIIIè au XVIIè siècle], le
drapeau officiel de la Corse. "
[...] " Le 12 mars 1736 débarquait à Aleria un
baron allemand qui se paraît indûment de titres aussi prestigieux qu’empruntés
" [...] " Théodore de Neuhoff se faisait partout accompagner, dans sa
marche triomphale a travers la Corse d’un portrait où il figurait en tenue d’apparat.
Au bas de ce portait figurait un blason ainsi conçu : au centre, un écu carré
surmonté d’une couronne royale, elle-même surmonté d’un globe. Dans l’écu,
une tête de Maure, tournée vers la droite de celui qui la regarde, portant un
bandeau sur les yeux, noué derrière la tête. "
[...] " C’est donc à ce " roi d’opérette
", à cet aventurier qui ne régna que six mois que l’on doit la
présence de la tête de Maure sur le drapeau officiel de la Corse. Or la
popularité de Théodore fut immense en Europe.. " [...] " Désormais,
la tête de Maure est connue de l’Europe entière comme le symbole officiel
des armes de la Corse "
[...] " C’est avec Pascal Paoli que le drapeau
à tête de Maure est devenu l’emblème officiel de la nation corse. "
[...] " Là ne s’arrête pas l’histoire de la tête de Maure.
"[..] " Les Français la conservèrent en y ajoutant les fleurs de lys
mais en supprimant complètement le bandeau. La Révolution, dans un premier
temps donna au nouveau département de la Corse des armes où la tête de Maure
voisinait avec les et une devise : La Loi, Le Roi . Mais, dès 1792 cette devise
disparaît bien que la tête de Maure et les fleurs de lys subsistent encore.
Lorsque Paoli forma le royaume anglo-corse, la tête de Maure associée aux
armes du roi d’Angleterre redevint, de 1794 à 1796, l’emblème officiel de
la Corse. "
[...] "Apparue à la fin du XIIIè siècle sur
les sceaux du roi d’Aragon, portée peut-être par quelques chefs corses du
parti aragonais aux XIV et XVè siècles, reparue sur un atlas italien du XVIè
siècle, répandue par lui à travers l’Europe des cartographes, ramenée en
Corse par Théodore de Neuhoff en 1736, devenue avec Paoli l’emblème officiel
de la Corse indépendante, telle est l’extraordinaire parabole historique de
la tête de Maure "
AUTEUR : corsica.net DATE : 09 mai 2002
C'est au cours du Moyen-âge qu'apparut la "Tête de Maure", mais avec le bandeau baissé sur les yeux. Elle symbolisait alors la victoire des croisés sur les musulmans.
C'est en 1297 qu'elle débarqua sur l'île de beauté. Nous allons tenter de reconstituer un peu du contexte historique, en gardant toutefois à l'esprit que le début du XIVème siècle est très mouvementé en Corse, du fait des différents envahisseurs (citons le chroniqueur Giovanni della Grossa : " Sitôt que l'un s'était rendu maître de l'Ile, un autre surgissait, et lui arrachait en un seul jour ce qu'il avait eu tant de peine à acquérir en un an.").
A l'époque, la Corse était au centre de l'affrontement auquel se livrait Gênes et Pise. Sinucello de Cirnaca, dit Giudice, ne parvint pas à libérer la Corse de ce tourment et Gênes, après ses retentissantes victoires de 1284, 1289 et 1290 avait surpassé Pises, et détenait l'île. Le Pape Boniface VIII décida en 1297, de donner la Corse et la Sardaigne au Roi d'Aragon : Jaime II (Le Saint-Siège était en effet censé posséder ces îles). Voici donc ce qui explique que la première apparition de la "Tête de Maure" en Corse soit sur un drapeau constitué de la croix des Rois d'Aragon entourée de quatre "têtes de Maure anciennes" (symbole héraldique cité plus haut). Mais comme nous l'avons dit, cette période est très mouvementée, et Aragon ne parvint pas à régner durablement sur la Corse...
Il faudra attendre 1736 pour voir à nouveau une liaison entre la "Tête de Maure" et la Corse. A la suite d'une aventure étrange ou "rocambolesque", pour citer Pierre Antonetti, le souverain de la Corse était le Roi Théodore, fils d'un baron allemand et d'une bourgeoise flamande, et qui régna sur la Corse à peine 7 mois ! Quoiqu'il en soit, il fut le premier à choisir l'emblème que nous connaissons aujourd'hui. Le bandeau a été relevé sur le front du Maure afin de symboliser la libération de la Corse.
Mais son adoption "définitive" et "officielle" par le coeur des Corses est incontestablement due à Pascal Paoli, lequel choisit ce drapeau pour la nation corse fondée en 1755.
Jean Sébastien Serenie
Le Maure énigmatique
LE DRAPEAU - UNE TÊTE DE MAURE, LE FRONT CEINT D'UN BANDEAU BLANC, SUR UN RECTANGLE DE TOILE BLANC -
se découvre au gré du vent
qui tantôt le déploie, le replie en haut d'un mât, au détour d'un monument,
d'une fenêtre anonyme. L'artisanat insulaire le fige sur un paquet de biscuits,
sur un pot de confiture. Charme identitaire, marque de fabrique, ce drapeau fait
découvrir la personnalité de l'île et donne la mesure de son parcours. Car si
les Corses l'ont adopté, c'est assurément qu'il leur ressemble assez pour
s'imposer comme le sujet d'une énigme irrésolue et aimanter l'attention de
l'historien.
Selon l'hypothèse la plus raisonnable, Pascal Paoli (1725-1807), général en
chef de l'armée de Corse, à ses heures héraldiste, aurait choisi lors d'une
assemblée, à Corte, en 1762, de remplacer l'image de l'Immaculée Conception
par le Maure, roi sarrasin vaincu, emblématique de l'Aragon auquel la Corse et
la Sardaigne furent confiées en 1297. Une façon pour Paoli de tempérer
l'influence de l'église favorable et soumise, soupçonnait-on, à la
République de Gênes. Pour certains, le Maure évoque la victoire des Corses
contre les Sarrasins au IXe siècle. D'autres affirment que c'est au cœur de
l'Allemagne du XVIIe siècle qu'il faut chercher l'origine de la tête de Maure,
puisque l'histoire raconte que les successeurs de Charlemagne auraient
contribué à bouter les Sarrasins hors de Corse. D'autres enfin décèlent
l'existence d'un lien entre l'énigmatique Maure et la Corse dès la fin du XVIe
siècle dans des ouvrages italiens relatifs aux possessions de Phillippe II.
Mais le Maure n'en finit pas pour autant de susciter des interrogations.
Avait-il les yeux bandés ? Le bandeau blanc, perçu comme une marque de
souveraineté, puis comme le symbole de baptême reçu par les survivants maures
après la défaite, n'aurait jamais recouvert les yeux du Maure. La tradition
n'en étant pas à un revirement près, elle n'hésite pas à présenter le
fameux bandeau, relevé par Paoli en signe de libération de sa patrie.
QUELQUES
IDÉES SUR L'ORIGINE DU DRAPEAU CORSE
Dans
toute l’histoire de la Corse, il n’existe peut-être pas de symbole à la
fois plus familier et aussi mal connu que le drapeau à tête de Maure.
Plusieurs hypothèses ont été soutenues
sur son origine.
Nimou
dans son livre “ Choses de Corse ” en 1936 nous dit : un Corse s’est
emparé la tête d’un chef sarrasin qu’il reconnut au bandeau blanc qui
entourait son front. Afin de la conserver, il l’enveloppa dans un linge blanc.
Comme il ne pouvait la garder indéfiniment, il songea à la dessiner sur une
toile blanche.
D’autres
verront l’origine de la tête de Maure dans l’histoire d’un jeune Corse d’Aléria
dont la fiancée avait été enlevée par des corsaires et vendue au roi d’Aragon.
Ce jeune, la rage au cœur aurait délivré sa fiancée et tué le lieutenant de
ce roi venu le poursuivre en Corse. Il exhiba la tête de ce lieutenant dans
toute l'île.
D’autres
hypothèses ont été émises. Nous nous attarderons plus longuement sur celle
soutenue par le professeur Antonetti. Ce dernier voit l’origine du drapeau
corse dans l’occupation aragonaise.
APPARITION
DE LA TÊTE DE MAURE
En
1297, les rois d’Aragon reçurent du pape Boniface VIII l’investiture de
Royaume de Sardaigne et de Corse. Il semblerait que la tête de Maure apparaisse
pour la première fois en 1281 sur les armes aragonaises où elle est quadruple
et entoure une croix.
Cet
emblème servira jusqu’en 1387, date à laquelle le roi Jean I revient au
sceau initial de ses ancêtres. Il semble improbable que les rois d’Aragon
aient amené leur emblème en Corse car ils se sont peu intéressés à ce pays.
Par contre, ils occupèrent
la Sardaigne, ce qui explique la présence de la tête de Maure dans les armes
de la ville de Cagliari. Depuis 1952, ce sont les armes de la région sarde.
Ces
armes sont d’importation aragonaise, comme le démontrent certains parchemins
conservés dans les archives communales de Cagliari.
SIGNIFICATION
HÉRALDIQUE DE LA TÊTE DE MAURE
La
tête de Maure fait partie des “ armoiries parlantes ”. Elle est en relation
directe avec les noms de famille. Tous ceux dont le nom patronymique comporte la
racine Maure ou More sont tentés de l’adopter comme emblème. Ce phénomène
n’est pas seulement visible dans les noms de famille corses. On trouve cette
tête dans les armoiries des familles françaises, mais aussi dans celles
originaires de Flandres, d’Augsbourg et de Suisse.
La
description en terme héraldique d’après Gheusi est la suivante : tête de
nègre de sable, naturellement animée et tortillée d’argent. Elle est
toujours, ou presque, de profil et tournée à dextre.
Pour
les héraldistes, “ de sable ” veut dire noir, “ d’argent ” signifie
blanc. Quand ils rajoutent “ animée ”, ils font allusion au fait que les
yeux sont blancs et bien visibles. A dextre, cela veut dire à droite du Maure
lui-même et à gauche de celui qui le regarde.
L’héraldiste
Paillot en fait a peu près la même description. Il illustre sa définition par
huit blasons à tête de “ More ”. Dans tous les cas, il s’agit d’une
tête de nègre avec des lèvres lippues, le nez épaté et les cheveux crépus.
Tous les spécialistes soulignent qu’il s’agit d’une tête de nègre (sans
aucune connotation péjorative).
C’est
ce que l’on pense généralement par allusion aux esclaves mauresques que les
chrétiens capturaient et dont ils faisaient la traite ou, par référence au
Maures qui ont longtemps occupé l’Espagne, une partie du littoral
méditerranéen de la France et tant de villages corses.
Dans
cette deuxième hypothèse, il ne n’agit plus de noirs africains de race
noire, mais d’arabes du Magreb.
Un point reste
discutable : la signification du bandeau.
Berthelot
et Ceccaldi se basant sur les écrits de l’historien Carpacino y voient un
symbole royal. Le nègre serait un chef maure vaincu. Le professeur Antonetti n’y
croit pas trop. Carpacino, parlant de symbole royal faisait allusion uniquement
aux rois helléniques.
Par
ailleurs, l’héraldiste Paillot parle du véritable tortil et non de bande
blanche.
En
incidence, des points secondaires attirent l’attention.
L’apparition
de colliers de perles et de pendentifs d’oreilles.
Le
Maure est alors une Mauresque. Il ne peut s’agir alors que d’une esclave et
non d’un chef.
Or les Mauresques étaient
fort prisées à la Renaissance et un véritable trafic existait. Les Génois en
étaient les maîtres.
Ces
colliers et ces pendentifs sont quasiment constants dans les armoiries des XVII
et XVIII siècles, privilégiés de la vogue des esclaves mauresques.
Pour récapituler,
dans sa pureté, la tête de Maure est dextre, de sable, animée, tortillée,
sans colliers ni pendentifs et coupée au ras du cou.
Le tortil est soit un
simple bandeau, soit un véritable tortil, autrement dit un ruban entortillé.
Il se noue derrière
la nuque par deux pans courts. Il est soit sur le front, soit sur les yeux.
Pourquoi
les rois d’Aragon ont-ils utilisé une tête de Maure ?
On
invoque parfois les croisades. On parle d’une bataille d’Alcoras ou d’Alarcos
gagnée en 1046 par le roi d’Aragon Pierre I. Lors de cette bataille, il
aurait vaincu quatre rois maures. Ce dernier point est controversé. La tête de
Maure n’apparaît sur les sceaux des rois d’Aragon qu’en 1281. Ce point
reste à éclaircir.
Retenons
que l’emblème n’est pas né en Corse, qu’il y a été importé par les
rois d’Aragon et qu’il n’y est attesté ni à la fin du XIII, ni au début
du XIV siècle.
Comment
en est-on arrivé à l’officialisation de notre emblème.
Plusieurs périodes
peuvent être examinées.
LA
TÊTE DE M
Sur
la foi de Giovanni della Grossa, on prétend que le drapeau à tête de Maure
apparaît sur le fanion d’Arrigo della Rocca, chef du parti aragonais en Corse
au XIV siècle.
Giovanni
della Grossa écrivait en 1376 que Della Rocca arborait sur sa bannière un
oiseau griffon peint et au-dessus il portait les armes d’Aragon. On se demande
alors si les armes d’Aragon portaient la tête de Maure. La vérité sur ce
point semble difficile à établir.
Il
fut également prétendu que Vincentello
d’Istria
a porté les armes d’Aragon.
Vincentello
était à la fin du XIV et au début du XV siècle le chef du parti aragonais et
devint en 1418 le premier vice-roi corse de la Corse.
Comme
pour Della Rocca, Vincentello a certainement porté les armes du roi d’Aragon,
mais ces armes comportaient-elles, la tête de Maure.
La
question peut encore se poser pour Sampiero.
Lorsque
Sampiero était colonel du régiment Corse au service du roi de France (à
partir de 1547), a-t-il porté le drapeau noir à croix blanche avec au centre
la tête de Maure ?
Il aurait ajouté
cette tête de Maure afin de ne pas être confondu avec les bandes du Piémont
qui guerroyaient sous le même drapeau, mais sans tête de Maure.
Poli
dans son histoire militaire pense que c’est une erreur. La tête de Maure, d’après
lui, aurait été ajoutée par les auteurs modernes.
Pourquoi
la France aurait-elle toléré que les mercenaires Corses, à son service,
choisissent un emblème évoquant les rois d’Aragon ?
Un doute subsiste.
Il
n’est pas impossible, cependant, que la tête de Maure ait figuré sur les
emblèmes des mercenaires Sardo-Corses.
En
effet, dans les musées et galeries d’art, des tableaux ou des fresques
représentent des bannières à tête de Maure.
Ce
sont celles des régiments de Corses et de Sardes à la solde des papes et de
certaines républiques italiennes. L'illustration la plus remarquable se trouve
sur un tableau de Pietro Della Francesca à l’église de Saint François à
Arezzo, daté d’avant 1466.
Les
bandes de mercenaires de la Renaissance italienne sont indistinctement
composées de Sardes et de Corses. Le drapeau à tête de Maure étant l’emblème
de Cagliari et de la Sardaigne, il est possible qu’il figure sur l’emblème
de ces mercenaires.
Ainsi,
il se peut, que tant que la Corse n’a pas été un royaume autonome, son
emblème, ait été le même que celui de la Sardaigne.
Il
n’est donc pas impossible que Sampiero ait combattu en Corse sous le symbole
commun aux deux îles. On n’en a pas la preuve irréfutable.
En
conclusion de cette période, nous dirons, que les chefs Corses ont pu prendre
la tête de Maure comme emblème, mais il est certain que le drapeau à tête de
Maure n’a pas été à cette période le drapeau officiel de la Corse.
DU
XVI AU XVIII° SIÈCLE : DE SAMPIERO À THÉODORE DE NEUHOFF
C’est
à un géographe italien du XVI° siècle que l’on doit la résurrection de la
tête de Maure comme emblème de la Corse.
Dans
un atlas où il décrivait les possessions du roi d’Espagne Philippe II, le
géographe italien Mainaldi Galerati accompagne chaque province des ses
armoiries.
En 1573 cet ouvrage
attribue une tête de Maure à la Corse (quatre à la Sardaigne).
Une
plus grande diffusion de cette tête de Maure, attribuée à la Corse
interviendra avec un atlas publié en 1662 par un hollandais, Joan Blaeu.
Une
traduction latine en fut donnée entre 1662 et 1665 “ l’atlas major ”. La
Corse y apparaît avec un blason d’or à tête de Maure tortillée et un
triton armé d’un trident.
Cet
atlas inspira l’allemand Seutter qui publia en 1731 une carte de la Corse
portant la tête de Maure.
Les
hasards de l’histoire font que le 12 mars 1736 débarque à Aleria un
aventurier allemand, Théodore de Neuhoff. Paré de titres prestigieux, il
arrive à se faire proclamer roi de la Corse.
Il brandissait en débarquant
un drapeau à tête de Maure, portant un bandeau sur les yeux.
Il
a du prendre cette tête de Maure sur la carte de son compatriote allemand
Seutter publiée à Augsbourg, ville où Théodore de Neuhoff avait été en
garnison.
La
monnaie frappée à cette époque en Corse porte une tête. Certains ont cru y
voir une tête de Maure, d’autres pensent qu’il s’agit de la tête de
Théodore de Neuhoff.
Quoi
qu’il en soit, l’aventure de ce roi d’opérette, qui ne dura que six mois
fut très popularisée en Europe.
C’est
à partir de cette époque que la tête de Maure apparaît clairement sur les
armoiries de la Corse.
Désormais,
la tête de Maure est connue de l’Europe entière comme symbole officiel de la
Corse.
PASCAL
PAOLI ET LE DRAPEAU À TÊTE DE MAURE
C’est
avec Pascal Paoli que le drapeau à tête de Maure est devenu l’emblème
officiel de la Corse.
Dans
une lettre du 23 juin 1760 à Rivarola, qui fait suite à différentes
consultations, il précise ses intentions au sujet du drapeau corse.
Il
propose de mettre au revers l’image de Ste Dévote à la place de la Vierge. A
l’envers, il reprend la tête de Maure telle qu’elle est représentée sur
les cartes de l’époque.
Les
Géants Marins qui figurent sur l’emblème sont remplacés par des faisceaux d’osier,
symbole de la liberté. A la Consulta de Vescovato, le 24 mai 1761, il fut
décidé de frapper des monnaies aux armes du Royaume.
De
1762 à 1767, à Murato, puis en 1767 et 1768 à Corte, ces monnaies portent les
armes de la Corse dans leur version définitive.
Un
Cartouche, sorte d’écusson, porte une tête de Maure tournée vers la gauche
avec un bandeau sur le front noué derrière la nuque.
Ce
Cartouche est surmonté d’une couronne royale à fleur de lys à huit branches
avec au sommet un globe et une croix. De chaque côté du Cartouche, on voit
deux personnages marins.
Ces armes se trouvent
sur les drapeaux de la nation corse avec quelques variantes.
Le plus dépouillé
est celui de la Marine corse créée par Paoli : une tête de Maure sans aucun
attribut secondaire, sur fond blanc.
Paoli a décidé de
relever le bandeau qui était placé sur les yeux dans les armes introduites par
Théodore de Neuhoff.
Il
aurait déclaré : “ les corses veulent y voir clair, la liberté doit marcher
au flambeau de la philosophie, ne dirait-on pas que nous craignons la lumière
”.
D’après
Ambrogia Rossi, le général Paoli avait coutume de dire en riant : “
désormais, le bandeau royal est bien placé comme il convient à notre dignité
et non pour notre honte comme le voudraient nos ennemis ”.
Des
documents aux archives de la ville de Gênes prouvent qu’en 1731 existaient
déjà des drapeaux à tête de maure avec bandeau sur le front. Il est
cependant certain que c’est Pascal Paoli qui a officialisé la tête de Maure
avec le bandeau sur le front.
La
tête de Maure n’a pas disparu après Ponte Novu. Les français la conservent
en y ajoutant des fleurs de lys et en supprimant le bandeau.
La
révolution maintint la tête de Maure. Quand Pascal Paoli forma le royaume
anglo-saxon, la tête de Maure, associée aux armes du roi d’Angleterre
redevint de 1794 à 1796 l’emblème officiel de la Corse.
CONCLUSION
La
tête de Maure serait apparue sur les sceaux des rois d’Aragon au XIII
siècle. Elle a peut-être été portée par quelques corses du parti aragonais
au XIV et XV siècles.
C’est
un atlas italien du XVI siècle qui a crée le lien le plus ténu entre la Corse
et la tête de Maure.
Cette
tête de Maure ramenée en Corse par Théodore de Neuhoff est devenue avec
Pascal Paoli l’emblème officiel de la Corse indépendante.
Jérôme
POTENTINI
L'hymne national corse est issu du Salve Regina (ou antienne du Puy), écrite en 1097 par Adhémar de Monteil, évèque du Puy (1080), légat apostolique d'Urbain II pour la première croisade, mort de la peste à Antioche (1098), dont la bannière portait l'image de la Vierge. Il fut imprimé pour la première fois à Naples en 1681 dans la Dottrina cristiana spiegata in versi du père Innocenzo Innocenzi, puis en 1704 dans le Sommario della Dottrina cristiana de Mgr G. B. Spinola, archevèque de Gênes. Ce n'est qu' en janvier 1735 que choisi par les nationaux qui se placèrent sous la protection de l'Immaculée que le Dio vi salvi Regina (Conception de la Vierge) devient l'hymne officiel de la Corse.
Un Hymne un drapeau pour les Corses
La
tête de Maure, le bandeau blanc sur les yeux, n'apparaît pour la
première fois qu'en 1821, sur un sceau du Roi Pierre III dit le
grand.
Le drapeau comporte 4 têtes de Maure, entourant une croix. Cet emblème
fut utilisé pendant prés d'un siècle, et ce n'est qu'en 1387 que le
roi Jean Ier revient au sceau à quatre pals de ces ancêtres. Il fut
conservé par ses successeurs tant que dura le royaume d'Aragon.
En 1736, débarquait à Aléria un baron Allemand qui se paraît indûment
de titres prestigieux. Ce baron, Théodore de Neuhoff se faisait
accompagner dans sa marche triomphale à travers la Corse, d'un
portrait où il figurait en tenue d'apparat. Au bas de ce portrait on
pouvait apercevoir un blason. Au centre, un écu carré était surmonté
d'une couronne royale, elle-même surmontée d'un globe. A l'intérieur
de l'écu, une tête de maure, tournée vers la droite de celui qui la
regarde, portant un bandeau sur les yeux, noué derrière la tête.
C'est à ce "roi d'opérette" qui ne régna que six mois,
que l'on doit la présence de la tête de maure sur le drapeau
officiel de la Corse. L'immense popularité de Théodore en Europe,
fera que désormais, la tête de maure sera connue de l'Europe entière
comme le symbole officiel des armes de la Corse.
C'est avec Pasquale Paoli que le drapeau à tête de maure est devenu l'emblème
officiel de la nation Corse. Au début de son "Généralat",
Paoli gardera l'emblème choisi en janvier 1735, par les chefs insurgés,
dont son père, à la "Cunsulta" de Corte. L'étendard
portait l'image de la vierge Marie.
En
1761, une monnaie est frappée aux armes de la Corse. Un cartouche
enferme une tête de maure tournée vers la gauche avec un bandeau sur
le front, noué derrière la nuque et un collier à deux ou trois
grains. Paoli à décidé de relever le bandeau qui était placé sur
les yeux dans les armes de Théodore. Cité par un de ces biographes,
Paoli se serait exclamé en disant: "Les Corses veulent y voir
clair. La liberté doit marcher au flambeau de la philosophie. Ne
dirait-on pas que nous craignons la lumière?."
Ces propos sont corroborés par Ambrogio Rossi. Le général (Pasquale
Paoli) avait coutume de dire en riant : "Désormais le bandeau
royal est bien placé comme il faut et comme il convient à notre
dignité et non pour notre honte, comme le voulaient nos
ennemis".
De
nos jours, emblème incontesté, c'est cette même bannière qui
flotte dans le coeur de tous les Corses.
Un Hymne, le DIU
VI SALVI REGINA "Dieu vous sauve Reine"
C'est
lors de la première constitution démocratique (en 1735 comme décrit
plus haut), que la Corse fut placé sous la protection de la vierge
Marie.
L'hymne de la nation Corse DIU VI SALVI REGINA.
Dìu vi salvi Regina E madre universale Per cui favor ci sale Al paradisu Voi siete gioa è risu Di tutti i scunsulati Di tutti i tribulatti Unica speme A voi sospira è geme Il nostru afflitu core In un mar di dolore E d'amorezza Maria, mar di dolcezza I vostri occhi pietosi Materni ed amorosi A noi volgete |
Noi miseri accogliete Nel vostru santu velu Il vostru figliu in celu A noi mostrate Gradite ed ascutate Ô vergine Maria Dolce è clemente è pia Gli affleti nostri accogliete Voi da neminici nostri A noi date vitoria E poi l'eterna gloria In paradisu
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Dieu vous sauve Reine Et Mère de l'infini Dont les grâces nous mènent Au paradis Vous êtes rire et joie De tous les inconsolés De tous les tourmentés L'unique foi
Pour vous soupire et gémit |
Accueillez nos misères Sous votre saint voile Et votre fils qui est au ciel Montrez-nous Agréez et écoutez aussi Ô vierge Marie Douce et généreuse Nos tendresses unies Sur nos ennemis Donnez-nous la victoire Et aussi l'éternelle gloire Au paradis |