XXVII

 

Les instances du Maire et du Préfet ne réussirent point à triompher des hésitations de Pierre Mages qui refusait toujours de remettre l'Evêché avant que le Gouvernement ou le Corps législatif n'eut approuvé l'arrêté du 1er  Messidor. Il eut fallu attendre longtemps encore, et tous les efforts pour préparer un logement à l'Evêque eussent été rendus inutiles par ces exigences intempestives : c'était le désir inavoué de Mainssonnat  que Châteauneuf-Randon connaissait bien.

Force fut donc de chercher une autre combinaison : le Préfet résolut de traiter cette fois directement avec les acquéreurs et à cette fin, par arrêté du 14 Fructidor (1er septembre) il désigna deux commissaires, Tirant et Daimyo, chargés de terminer la rétrocession de l'Evêché déjà évacué par un des propriétaires et la plupart des locataires.(I) Les commissaires devaient faire valoir qu'il n'y avait aucune raison de douter de l'approbation du Gouvernement ; insister pour obtenir de suite une location, soit au nom de la commune, soit à celui du Préfet, et enfin demander, moyennant une juste indemnité, le départ immédiat des petits locataires qui occupaient encore une partie de l'immeuble.

Pierre Mages consentit finalement à louer provisoirement l'Evêché, non pas à la commune ni au Préfet comme représentant de l'Etat, mais à Châteauneuf-Randon comme simple particulier, jusqu'à ce que fut intervenue la décision du Gouvernement. Telle fut la conclusion des négociations entre Pierre Mages et les deux commissaires. Châteauneuf-­Randon pour en finir accepta ces conditions draconiennes et se hâta de faire dresser en double original l'acte de bail en son nom personnel ; puis en qualité de Préfet, il prit un arrêté pour l'approuver. La location était pour un an, à dater du 8 Vendémiaire an XI (30 septembre 1802), au prix exagéré de douze cents francs en numéraire, et, pour entrer immédiatement en jouissance, le Préfet versa le jour même trois cents francs (également en numéraire) à Pierre Mages qui s'engagea à faire Évacuer promptement le local et à permettre de commencer aussitôt les réparations locatives. Dès que le gouvernement aurait donné son approbation à l'arrêté du 1er  Messidor, l'échange devenant définitif, la location cessera...


  (2)Arch. départem. K 4 f° 238. Arrêté du 14 Fructidor.