Torre

Suttana, Mizana, Suprana


  Cliquer dans l'image pour l'agrandir

Torra Suttana

En partant du Bar de la Poste, dans le tournant de la route nationale. La rue qui était l'axe principal du village descend vers le clocher, seul vestige de l'église Nuntiata di Bicchisgià dont la mémoire est présente dans le nom du quartier : Ghjesgia Vecchia, la vieille église. Le campanile a été construit sur une base plus ancienne avec, sur sa face sud, le réemploi d'une archivolte romane qui surmonte une niche. Il porte l'inscription suivante : ERECTUS ANNO 1809. L'église elle-même a été détruite vers 1950et ses pierres réutilisées dans un mur de soutènement.

Plus bas, juchée sur un mamelon, la Torra Suttana a conservé son port massif, de rares ouvertures et des vestiges de moyens de défense : base en glacis surmontée d'un boudin, qui rendait l'attaque plus difficile, mâchicoulis au-dessus de la porte d'entrée surélevée. L'escalier-perron monumental à balustres a été rajouté par la suite.  La Torra surveillait le chemin de la transhumance de la plaine de Talavu à l'Ornano qui traversait le fief d'Istria, en contrebas. Près de la tour, quelques maisons déjà portées sur le plan Terrier à la fin du XVIIème siècle.

Sur une de ces maisons sont gravées les armoiries des Colonna d'Istria : sur la pierre supérieure, SH, surmonté d'une croix, I (le sigle religieux I, Jesus Hominum Salvatore, inversé ). Dessous une pierre carrée s'orne du blason avec, au centre, la colonne séparée de la balance (partie droite, étage supérieur) et du château (étage inférieur), ces attribut Cinarchese des seigneurs du sud de la Corse étant encerclés par des aigles stylisés et une couronne crénelée. Dans les angles, à la base, les initiales GB (Gio Battista), CI (Colonna d'Istria).. Encadrant le cartouche, des volutes ou cornes d'abondance.. La date est portée sur une autre pierre plus bas encadrée de courbes : AD (Anno Domini) 1786.

On trouve encore deux autres inscriptions de la même époque dans une autre maison Colonna : AD 1793 et dans la casa di Bugni, plus ancienne mais remaniée plusieurs fois : AD 1794 D et I + S (Jesus Salvator ?) sous une fenêtre. La Casa Nova, en contrebas, possède un contrefort : c'est une autre maison Colonna. L'ancien presbytère, à Caccavaghju, a conservé les montants en granit d'une fenêtre géminée, à l'étage, aujourd'hui bouchée. On peut penser qu'au XVIe siècle, des notables appartenant ou non à la famille Colonna d'Istria, ont bâti des maisons autour de la Torra de défense et, ans les années 1780-1800 le quartier s'est remodelé, l'édification d'un nouveau clocher en étant le couronnement.


Torra Mizana ou in Mezzu

Il faut revenir sur ses pas, traverser la route pour  trouver  la Torra Mezzana. En fait, elle a été englobée dans une construction composite dont l'embase, seule, laisse deviner  la Casa Vecchia. Peut-être la maison de Gio-Valerio où dînèrent notables et membres du clergé présents à la cérémonie d'inauguration du Monastère de San Francesco

Il reste peu de trace de la bâtisse d'origine, absorbée par des reconstructions , cependant, de récents travaux de ravalement ont mis au jour au-dessus d'une fenêtre de la façade sud, une inscription non traduite à ce jour ; faut-il y lire la date de l'ouvrage et la signature du maître-maçon comme à Sollacaro, ou simplement le nom du propriétaire ? 

Inscrip_Torra_Mezzana.JPG (823240 octets)

Cliquer sur l'image pour voir le détail de l'inscription


Torra Suprana (1290), maison de Monseigneur Jean-Baptiste Colonna d'Istria évêque de Nice

  Cliquer dans l'image pour l'agrandir

Plus spectaculaire est la Torra Suprana qu'on peut atteindre par la rue qui longe la Torra Mezzana (ou par la route qui monte à Pitretu : imposante par ses dimensions).

La partie la plus ancienne bâtie sur cave, est une tour carrée, destinée à la défense comme le soulignent sur le pignon sévère qui domine la vallée un mâchicoulis intact et des corbeaux d'angle. L'appareil des pierres le rattache aux constructions des XVème-XVIème siècles . Il lui a été adjoint deux corps de bâtiment plus résidentiels. La façade sud s'ouvre sur une cour ombragée ou trône sur une pierre de pressoir une fontaine de marbre, donnée, dit-on par Napoléon ; une inscription y est gravée : Posuit 1804. Une cheminée a remplacé ce qui fut sans doute une échauguette. Dans la partie gauche, a hauteur du premier étage, à gauche de la fenêtre, une niche à appui mouluré pourrait être du XVIIème-XVIIème siècle, qui a dû contenir une statue protectrice. Sur la pierre d'allège, entre les deux fenêtres, des armoiries usées par le temps et surmontées d'IHS. Dessous, dans un cartouche aux lignes courbes, la date de 1777. Mêmes lettre en relief qu'à la Torra Suttana.

C'est dans cette demeure qu'est né en 1758 Jean-Baptiste Colonna d'Istria le futur évêque de Nice.  Élèves des Frères du couvent proche puis du Grand Séminaire  d'Aix-en-Provence, prêtre en 1782, il est connu sous le nom de Monseigneur  Colonna d'Istria, évêque de Nice de 1801 à 1833. Napoléon Bonaparte aurait couché dans l'une des chambres de la Torra Suprana en1792. Sur la place, une petite fontaine en marbre posée sur la pierre d'un pressoir rappelle son souvenir, car elle aurait été donnée par Napoléon à un Colonna d'Istria, avec en inscription : Posuit 1804.


 Page précédente

 Page suivante

Vers diaporama

Sommaire P-Bicchisano

Sommaire Istria