la noblesse du sang reçu de
ses ancêtres brille avec plus d’éclat,
grâce à ses hauts faits, aux yeux de toute l’humanité et que, de jour en
jour, elle s’étende plus loin.
Cela,
nous savons que toi, Sebastiano, tu l’as parfaitement réalisé, puisque, grâce à
la haute qualité de ton âme, grâce à tes travaux et à ton application, on peut
voir clairement aujourd’hui de quels nobles aïeux tu tires ton origine et quel
sang illustre coule dans tes veines. En effet, toi et les Seigneurs de ta
famille d’Ornano, vous pouvez reconnaître, pour auteur de votre lignée, Ugo
Colonna, qui en l’an 816 après la naissance du Christ, sous l’impulsion du
Souverain Pontife Etienne IV, ayant rejeté les Sarrazins de Corse, laissa un
fils rendu illustre par cette guerre et paré des grandes dépouilles d’un empire
(1). Vous affirmez tirer de lui votre origine et par conséquent venir de la ville
de Rome et de la souche des Colonna de chez nous, pour que, par notre entremise
à nous, unique fils survivant de Marc’Antonio Colonna, Prince de notre famille
et triomphateur invaincu, tu puisses (2) réaliser ton projet, et puisque tu le
demandes si instamment et le souhaite si ardemment, nous nous laissons aisément
convaincre (3) d’accéder à de si justes réclamations, devant les témoignages
apportés en preuve de ce fait, attesté par un très antique monument de cette
Ile, et en outre par la valeur si admirée de ta famille, et par cette
exceptionnelle force d’une âme à jamais invaincue, avec laquelle tu as
travaillé (4) à maintenir l’honneur actuel nous le montre (5) plus clairement
et nous le confirme (6) plus solidement encore. Voilà pourquoi toi, Sebastiano
et les autres membres de ta famille et tous leurs descendants, nous vous
reconnaissons volontiers comme provenant de la même souche et vous donnons
notre consentement. Quant à notre nom de famille et au
blason de notre race, colonne d’argent peinte sur champs de gueules, ornée d’une
base et d’un chapiteau en or, surmontée d’une couronne d’or, nous vous en
faisons part volontiers, avec l’espoir très ferme que si, jusqu’à ce jour, par
les
(1) Tout ce qu’on enlève à l’ennemi sur un champs de bataille.
Nous lisons : «possis ». (3) «adducimur ». (4) «laborasti ».
(5) «ostendit ». (6) «confirmat ».
N.D.T sur Marc’Antonio et Asciano Colonna. Le père du cardinal auteur de cette lettre, Marc’Antonio Colonna, s’était couvert de gloire à la bataille de Lépante contre les Turcs en 1571, où il était général de galères du Pape Pie V. le Pape, voulut, à son retour, qu’il connût la cérémonie du Triomphe, comme les anciens généraux romains.
C’est pour cela que son fils le nomme « Triomphateur invaincu ».
74