Remise des Insignes des Arts et des Lettres
à
Jean-Jacques Colonna d'Istria
le samedi 20 mars 2010
Discours de réception de Jean-Jacques Colonna d'Istria
* *
*
Merci cher Jean-François pour ces paroles élogieuses
et réconfortantes....
Merci à ... ......
Merci à vous tous qui avez bien voulu, par une belle
journée ensoleillée qui marque le début du printemps, vous déplacer jusqu'à ce
stade de San Benedetto, siège de l'association sportive et culturelle éponyme où
son président Pierre Ferrucci et ses adjoints ont eu la gentillesse de nous
accueillir aujourd'hui, pour cette petite cérémonie amicale s'il en fut. Je les
en remercie vivement.
Que dire? eh bien d'abord que je
suis fier d'avoir reçu cette récompense à laquelle je ne m'attendais
pas, (c'est toujours ce que l'on dit, mais pour une
fois, c'est vrai ! ) étant naïvement persuadé que j'avais été élevé au grade de
Chevalier des Arts et des Lettres, en 1988, par le ministre de l'époque, Jack
Lang, et ce une fois pour toute et que cet honneur acquis avec joie et surprise,
suffisait bien à mon orgueil et qu'il me collerait à la peau une fois pour
toutes. Je m'en satisfaisais secrètement avec jubilation.
Eh bien non, la surprenante
nouvelle est arrivée par la poste, début janvier, sans qu'une estafette
annonciatrice vînt m'en taquiner les oreilles. Pourtant, je l'ai déjà dit,
j'étais satisfait de la première médaille, et je jouissais, dans l'intimité,
d'être malicieusement appelé « mon chevalier» par Beate,
ma compagne des bons et des mauvais jours, elle qui
va devoir s'habituer à m'appeler -toujours aussi malicieusement
j'espère - « mon officier», moins romantique c'est vrai ...ça va être dur !
Pour redevenir plus sérieux, je
m'interroge quand même sur le bien fondé de ce qui apparait malgré tout comme
une reconnaissance, celle de mon engagement dans ce qu'on appelle la culture, en
Corse, depuis maintenant plus de 40 ans, depuis que je fus engagé comme
Secrétaire général de la défunte Maison de la Culture de la Corse en 1969, une
maison sans toit déjà à l'époque, mais qui m'a permis de comprendre les rouages
de la gestion des affaires culturelles et même d'en surprendre les arcanes. J'y
ai fait mes armes et c'est peut-être le seul point commun avec le nom du grade
qui m'est accordé aujourd'hui. 40 ans pour comprendre, mais aussi pour agir et
enfin pour infléchir. Si je crois avoir un peu compris - on apprend tous les
jours que dieu fait - et si mon action démontre que j'ai agi, il est certain que
j'ai échoué quant-au troisième point: infléchir. Je ne reviendrais donc pas sur
l'action, car si vous êtes là aujourd'hui, c'est que non seulement vous la
connaissez pour l'avoir suivie pas
à pas, mais pour la plupart d'entre vous, pour y avoir participé, pour l'avoir
soutenue et souvent encouragée malgré les bâtons dans les
roues, la mesquinerie, la jalousie de ceux qui ne font rien et la méchanceté des
imbéciles. L'occasion m'est donnée aujourd'hui de vous en remercier tous
publiquement.
Alors admettons sans fausse modestie qu'il y a « bien
fondé », et que Paris - si loin de nous trop souvent - nous envoie ce petit
signe pour rappeler qu'il nous tient à l'œil malgré tout et qu'il est au courant
de « qui fait quoi, ici », admettons que notre ministre de la Culture et de la
Communication, monsieur Frédéric Mitterand, conseillé en cela par quelque
écrivain proche ou par son représentant en Corse, je veux parler du DRAC (
Directeur régional des Affaires Culturelles, sans doute le prédécesseur de
monsieur Laurent Ghilini, présent ici et à nos côtés) ait trouvé « juste» la
cause? Je me permets de remercier monsieur Frédéric Mitterand publiquement,
l'ayant déjà remercié par un courrier personnel. Nous ne nous plaindrons pas du
regard bienveillant du ministre en la matière, puisque la promotion du 4 janvier
2010 touche d'autres acteurs du monde culturel en Corse, mon ami François
Ollandini en particulier. Mais c'est une autre histoire que le créateur du
lazaret nous contera un autre jour, sans doute avant l'été.
J'ai dit « apprendre », « agir »... et « infléchir
»... infléchir quoi ou qui? Infléchir la politique culturelle de nos élus. Ce
troisième thème reste pour moi un échec. Qu'entends-je par infléchir? depuis
plus de 40 ans donc, je l'ai dit,
j'apprends, j'agis mais j'essaie aussi -à
travers les instances auxquelles on m'a permis de m'exprimer,
CESCFRAC
etc. -
de faire prendre conscience à ceux
qui nous gouvernent, ici, chez nous, de l'importance de la culture dans
la vie des hommes. La culture reste pour nos élus la
cinquième roue du carrosse - j'ai
même eu l'outrecuidance de lancer en public devant 500
auditeurs esbaudis, m'adressant très récemment aux chefs de file de la douzaine
de listes prétendant à nous gérer demain, que « la culture, c'est ce qui reste
quand on a tout dépensé ». Les élus ne sont pas seuls à faire passer la culture,
sinon à la trappe, mais en bon dernier, puisque ce même rassemblement organisé
par deux médias parmi les plus présents et appréciés en Corse avaient sans doute
trouvé, eux aussi tout naturel que la question « culture» soit posée en dernier
sur les 7 thèmes proposés. Le résultat fut bien sûr qu'il n'y avait plus de
temps pour y répondre ! Infléchir le monde politique pour instaurer une
véritable Politique culturelle, voila l'enjeu, parce que nos élus, qu'ils soient
municipaux, départementaux et surtout régionaux se sont toujours refusés à
considérer la culture comme un élément essentiel à l'épanouissement de chacun,
comme un élément utile au développement des mentalités, et encore comme un
élément capable de retombées économiques certaines. Nombres de régions et de
villes du Continent ont bien compris l'importance et la nécessité de faire ce
choix du développement de la culture. Naïvement sans doute ai-je espéré que nos
élus au fil des mandatures donneraient à la culture la place qu'elle mérite. Ace
jour, j'ai échoué. Et ce n'est pas l'élection de demain dimanche qui me rassure
en lisant l'inexistence de tout programme culturel dans les professions de foi
qui ont été largement diffusées !
Pourtant, je garde espoir !
Et peut-être, s'il m'en reste le temps, aurais-je la chance de participer à cette révolution indispensable au développement de la Corse et au bien être de ses habitants et, ce jour-là, peut-être m'élèvera-t-on au grade de Commandeur, le dernier signe de reconnaissance d'une vie consacrée à la culture. Je vous donne rendez-vous à la remise de la médaille !
Merci à tous ! Lien vers nomination http://www.france-phaleristique.com/oal_promo_01-2010.htm
Discours Jean-François |