La noblesse corse
se distingue de celles du continent par les nombreuses évolutions de sa
définition, liées aux particularités de la culture et de l'histoire insulaire. À
l'époque contemporaine, elle n'a pas exercé de rôle prépondérant en lien avec
son statut et son acceptation est sujette à des variations selon les époques,
les régions et les personnes.
À l'instar de ce qui se fit sur le continent, la
première apparition de la noblesse en Corse peut être
datée du temps de Charlemagne.
Ainsi, de nombreuses familles se réclament du mythique Ugo Colonna,
comte de Corse, envoyé par l'Empereur pour délivrer l'île du joug des Maures. Une
noblesse féodale se mit en place au XIIe siècle,
comme relais entre la république de Pise
et les populations insulaires. Au XIVe siècle,
se produisit une grande jacquerie, menée par un moine semi-mythique, Sambucucciu
d'Alando, qui chassa les seigneurs de l'en deçà-des-monts (Haute-Corse)
et fit appel aux génois. La "terre du commun" (Terra del comune : Gênes) naquit
alors, dominée néanmoins par une pseudo-noblesse féodale, celle des caporali, ou
caporaux, ancêtres des chefs de clan. Plus tard, ces familles dites caporalices,
revendiqueront leur filiation avec un "Caporal" (capurale),
notable villageois ou régional, élu au Moyen Âge pour jouer un rôle
d'intercession et de protection.
Divers fiefs perdurèrent cependant, dans le Cap corse et dans
l'au-delà-des monts (Corse-du-Sud
ou Terre des Seigneurs). À cette époque du Moyen Âge, divers féodaux corses tentèrent
en vain d'établir leur pouvoir sur toute l'île en profitant des conflits répétés
entre Gênes, puissance
alors souveraine de l'île et ses différents voisins, notamment le royaume d'Aragon1.
La victoire définitive de Gênes, contre les
seigneurs insulaires mais surtout contre les nations rivales, en 1565, sonne le
glas des prétentions des féodaux et caporaux. Durant la période de domination
directe de l'île par Gênes, la superbe république va progressivement éliminer
cette classe sociale. Les fiefs, bien que respectés, diminuent en nombre. Dans
le même temps, Gênes ne reconnait comme nobles que les membres de son propre
patriciat, sans pour autant y inscrire de familles insulaires mais elle
distribue largement les récompenses, dites
benemerenza qui peuvent, d'une certaine manière
être assimilées à une marque de noblesse, étant donné que leurs receveurs
reçoivent les privilèges du port d'arme et d'exemption de la taille, faveurs
caractéristiques de la noblesse partout ailleurs en Europe. Néanmoins, le très
grand nombre de receveurs, un tiers des familles de la notabilité insulaire
limite ce sentiment aristocratique. L'institution des Nobles XII et Nobles VI,
réservées aux insulaires semblent un critère plus satisfaisant pour définir la
noblesse corse à l'époque génoise, bien qu'aucune preuve de noblesse ne soit
demandée pour être membre de ces institutions. À cela, il faut encore rajouter
que certaines familles corses sont alors anoblies par des puissances étrangères,
à Venise, à Parme, en Espagne (les Gaspari), en France (les Ornano, les Lenche
de Moissac, les Franceschi, des Cipriani d'Ortinola...)2.
À Gênes, succède, dans la majeure partie de l'île,
un gouvernement autonome corse. Si l'on excepte l'épisode éphémère du roi Théodore, qui
distribue titres de comte et de marquis, cette période de quarante ans est
surtout portée par l'esprit des Lumières et la redécouverte de l'âme citoyenne,
profondément égalitaire, notamment durant le généralat de Pasquale Paoli.
Durant ces années, la maison du riche est ouverte au pauvre mais néanmoins, les
quelques familles féodales persistantes et la notabilité des présides restent,
globalement, favorables à Gênes ou à la France.
La conquête de l'île (1768-1769)
change la donne. Il est de première importance de recréer en Corse le deuxième
ordre et de façonner la société insulaire sur le modèle français, projet que la
monarchie réclamait à Gênes depuis de très nombreuses années déjà, comme
sauvegarde de ses différentes missions de pacification.
Durant les quelques années qui s'écoulèrent entre
la conquête de l'île et la Révolution française,
vont être reconnues comme nobles, plus de quatre-vingts familles. Dans un
premier temps, tout noble est invité à se faire connaître auprès du gouvernement
royal de l'île, en apportant la preuve de ses quatre quartiers de noblesse. Or
la noblesse n'existant pas, ou limitée à un tout petit nombre de familles
d'extraction féodale, ces preuves, comme la vérification française ne sont pas
de la plus extrême rigueur. Les familles qui se présentent sont ainsi les
maisons d'extraction patricienne génoise, issues des présides ou place-fortes du
littoral et par conséquent demeurées fidèles à Gênes, les maisons féodales et
surtout un certain nombre de maisons prétendument nobles, commerçantes,
militaires, propriétaires terriens, considérées comme seigneurs en leurs
domaines. Sont évidemment récompensées les familles du parti français, officiers
du régiment Royal-Corse comme les Abbatucci de
Zicavo, les
Fabiani de Santa-Reparata-di-Balagna
dont trois officiers combattent du côté de la France à Pontenuovo, les Zerbi ou les
Boccheciampe d'Oletta,
mais aussi des ralliées de la dernière heure, comme les Bonaparte.
D'autres familles sont sèchement refusées, parce que leurs justifications sont
plus ou moins valables, mais aussi parce qu'elles ont servi le mouvement
national et parfois même fourni des officiers corses dans la lutte contre la
France. D'autres familles encore ne se présentent même pas.
Ainsi, la noblesse française d'Ancien Régime en Corse, au
sens strict, ne comprend que ces quelque quatre-vingts familles auxquelles ils
convient d'ajouter les familles anoblies sous l'Empire et la Restauration.
De Bagnaia,
riches commerçants promus seigneurs en 1130. Grâce à
Pise, ils
obtiennent l'administration d'Orta,
de Marana et
Costera. Au
XIIIe siècle
ils seront en conflit avec les seigneurs voisins ;
Bozzi (Cinarca), la seigneurie de Taravo
disparaît progressivement à partir de 1615 ;
comte ;
Cortinchi,
principaux seigneurs en Castagniccia, seigneurs de Petrellerata, de Lumito [archive]
et de Verde
Da Furiani, seigneur de Furiani
seulement. Mais en 1072, avec l'aide du marquis de Massa (lignée des Obertenghi),
ils chassent d'Orto
et du Lota les
Delle Suere ;
Istria (Cinarca) ;
Famille De Lasso, dits « Laschesi » ou
« Aschesi », seigneurs en Balagne,
possesseurs du Castello Sant'Angelo et de Furiani ;
De Leca (vaincue par Gênes au XVe siècle) ;
Loreto de Nebbio,
seigneurs de Nebbio, de la seconde moitié du XIIe siècle
ou du tout début du XIIIe siècle,
à 1268 ;
Da Mare (Nord
du Cap Corse), seigneur de Rogliano de
1249 à 15232comte
de Corse de 1434 à 1439 et Seigneur de Capraia ;
Marquis de Massa,
de la lignée des Obertinghi, premiers marquis de Corse ;
Negroni (Cap Corse), succède par mariage à la
famille Da Mare à la tête du fief de Rogliano,
annexé en 1592 par les
génois d'Augustin Doria, gouverneur de Corse ; devient les De Mari par la
suite ;
Peverelli, seigneurs d'Olcani
à La Chiappella
(Cap Corse) jusqu'en 1082. Ravagé
par Pise en 1167, leur
fief est pris par les Avogari de Gentile en 1197. En
1246, Agostino Peverelli vend ses droits sur le Cap Corse à Ansaldo da Mare ;
De Pino,
originaire de la pieve de
Pino au
centre de la Balagne. Les « Pinaschi », vassaux des marquis de Massa,
étaient seigneurs du XIe siècle
au
XIIIe siècle,
possesseurs de plusieurs castraNote
1 ;
Delle Suere (ou Delle Suare), seigneurs de
Cagnano,
dépouillés de leurs terres par les Da Furiani et les Peverelli au XIe siècle,
puis passant aux mains des Avogari en 1197 ;
Buonaparte
(originaire de Sarzane, en
Ligurie. Il n'y a pas de preuve d'une liaison généalogique entre les
Buonaparte de Sarzane et ceux de Florence) ;
En 1077, le pape Grégoire VII
confie l'administration de l'île à l'évêque
de Pise, c'est une période très prospère
dont témoignent les églises romanes. En 1284, les Pisans sont battus à la
bataille navale de La Meloria et doivent leur abandonner l'île.
Arrighi
(Speloncato / Spiluncatu), attestation de noblesse du 18 janvier 15757 ;
Buonaparte
(originaire de Sarzane).
Gênes n'a jamais reconnu la noblesse des Buonaparte. L'acte de
reconnaissance de noblesse a été donné par le roi Louis XVI, le
13 septembre 1771, avec l'appui du Comte de Marbeuf
qui obtint ensuite les introductions de Napoléon et de Lucien au Collège militaire
et d'Élisa
et Pauline à
Saint-Cyr;
Cuneo : Arrêt du Conseil Supérieur de la Corse du 9
avril 1771, établissant la filiation depuis Francesco Cuneo, noble Génois,
né à Ajaccio en 1585.
Defranchi ou de Franchi, cette famille est
avec les Doria une des vingt-huit familles patriciennes de Gênes, elle a
donné plusieurs Doges à la République ligurienne8
dont :
Gerolamo de Franchi Toso : 21 octobre 1581 - 21
octobre 1583 ;
Pietro (Sacco) de Franchi : 26 février 1603 - 27
février 1605 ;
Giacomo (Toso) de Franchi :
1er
août 1648 - 1er
août 1650 ;
Gerolamo de Franchi : 8 septembre 1652 - 8 septembre
1654 ;
Federico de Franchi : 7 juin 1701 - 7 juin 1703
Cesare de Franchi : 8 octobre 1721 - 8 octobre
17239.
Ce phénomène mérite sans doute d'être mieux cerné,
puisqu'aux caporaux "historiques", s'ajouteraient toutes les familles, très
nombreuses, qui ont occupé le poste de "caporal" dans leur village, jusqu'à la
Révolution française.
Plusieurs ouvrages présentent une liste des grandes
familles caporalices, notamment :
- l'armorial de Colonna de Cesari Rocca, p XIV (préface)
qui ne mentionne que "les plus illustres", sous-entendant qu'il omet "les moins
illustres" (parmi lesquelles, étrangement, les Casabianca ou della
Casabianca !), et précisant qu'elles prenaient généralement le nom de leur
village d'origine, sans toutefois en être toujours seigneurs : dalla Campana, da
Campocasso, da Casta, da Chiatra, dalla Corbaja (coquille : sans doute
"Corbara"), dalla Crocicchia, del Lobio, da Matra, dal Olmo, d'Omessa, d'Ortale,
de Pancheraccia, dalla Pastoreccia, de Petricaggio, da Piobetta, da Prune, da
Sant'Antonino ;
- Fernand Ettori, dans La Maison de la Rocca,
esquisse une liste presque identique, parmi les familles corses non cinarchese,
non génoises (p. 166–168) :
caporaux de Campocasso, de la Casabianca, de Casta, de Chiatra, de Corbara, de
Gaggio, de Matra, d'Omessa, de Pancheraccia, de Pastoreccia de Rostino, de
Sant'Antonino, de la Venzolasca.
Famille de Campocasso (da Campocasso), famille
d'origine napolitaine établie à Olmeta di Tuda,
anoblie par le roi Alphonse d'Espagne en 1451 pour Polino da Campocasso dont
les diplômes se conservent encore dans les Archives de Barcelone. En effet,
dans les années 1420-1435, le comte Vincentello d'Istria fut chargé d'élire
les Caporaux dont on cite parmi les treize d'entre-eux la famille da
Campocasso : il s'agit des treize caporaux "historiques".
La noblesse théodorienne
Longtemps négligés, les titres conférés en 1736 par
l'éphémère roi Théodore de Neuhoff
(1694-1756) sont désormais considérés de manière plus objective, en partant du
principe que le baron westphalien fut un monarque acclamé par les principaux
notables de l'Île et, de la sorte, légitime.
Divers ouvrages recensent les titres conférés à ses
compagnons et dignitaires du régime: marquis, comtes, chevaliers. Là encore,
Colonna de Cesari Rocca avait posé les bases tout en reconnaissant que les
documents authentiques font souvent défaut et que le souvenir même des titres
reçus s'est même perdu dans certaines des familles qui en ont bénéficié :
F. Demartini, dans son Armorial corse (avec
une "Introduction" de Michel Vergé-Franceschi),
s'est avancé plus loin en prenant réellement au sérieux cet épisode du point de
vue du droit nobiliaire. François Antoine Mariani, dans Les Malaspina de Speloncato,
affirme qu'Antoine Marc Malaspina aurait lui aussi bénéficié d'un titre de comte17.
Dans son ouvrage intitulé Paoli un Corse des Lumières,
Michel Vergé-Franceschi dresse en annexe une liste des personnalités
théodoriennes où il mentionne de nombreux titres concédés par Théodore qui
allonge un peu la liste ci-dessus.
Liste des familles reconnues nobles ou anoblies par la couronne de France
Familles reconnues nobles par le Conseil Supérieur
de la Corse (« RNF »)18.
(NB : nombre de ces familles adoptèrent très
vite la pratique française de la particule qui est indiquée ci-dessous entre
parenthèses ; placée devant le patronyme, elle est alors bien une « particule
nobiliaire » ; si son utilisation semble n'avoir pas fait l'objet d'abus,
notamment dans les branches restées hors de la RNF, son absence n'est quant à
elle pas nécessairement un signe d'exclusion).
Albertini (U Pedipartinu d'Orezza), le 18 septembre
1775.
Angelis (de) (Bastia), le 27 avril 1772.
Antoni (Ersa), le 2 avril 1772.
Arrighi de Casanova,
(Corte / Corti), les 4 février 1783, 14 septembre 1783 et 8 juin 1787.
Avogari de Gentile (Capicorsu), le 13 septembre
1771.
Bacciochi
(Adorno de) (Ajaccio / Aiacciu), les 27 février 1771, 30 avril 1771 et 7
juin 1780.
Belgodere di Bagnaja (Belgudé), le 27 avril 1772.
Benedetti (Vicu), noblesse de grâce.
Benielli (Ajaccio / Aiacciu), le 18 février 1772.
Bianconi (Calvi/Calenzana/Montegrosso), le 15
janvier 1773. Noblesse de grâce
Biguglia (Bastia), noblesse avouée, septembre 1776.
Boccheciampe
(de) (Oletta), noblesse reconnue, les 3 juin 1784 et le 13 septembre 1784
(également titre de baron avec érection de terre, par décret du 3 août 1799
de la couronne de Naples).
Boerio (de) (Bastia), le 26 avril 1783.
Buonaparte
(Ajaccio / Aiacciu), le 13 septembre 1771.
Bustoro (Bastia), le 18 février 1772.
Buttafuoco (U
Viscuvatu), les 22 février 1771 et 14 mars 1771.
Caraccioli
(Morsiglia / Mursiglia), le 8 mai 177219.
Caraffa (de) (Bastia), le 17 février 1774.
Cardi (Olmeta, Olcani, Ogliastru), le 12 juillet
1771.
Casabianca
(de) (A Casabianca), les 4 juin 1771, 14 juin 1771 et 27 avril 1772.
Casalta (A Casalta), le 11 mars 1774.
Castelli (de) (Bastia), le 10 novembre 1775.
Cattaneo (Calvi), le 3 mars 1774.
Colonna d'Anfriani (Montemaggiore / Montemaio), le
21 mai 1772.
Colonna di Bozzi (Grussetu), les 23 décembre 1773 et
13 décembre 1775.
Colonna Ceccaldi (Evisa), le 21 février 1772.
Colonna de Cesari Rocca
(Quenza, Porto Vecchio / Porti Vechju), les 17 mars 1772, 29 novembre 1774
et 12 mars 1777.
Fozzani Durazzo (Fuzzà, Campumoru), le 12 mai
1772 (et titre de comte attribué en 1736 par Théodore de Neuhoff
au général Michele Angelo Durazzo della Rocca).
Fozzani Tomasi Carabelli (Fuzzà), le 28 décembre
1778.
Gautier d'Urbino (Aleria). Originaire de Normandie.
elle reçoit inféodation perpétuelle du territoire de l'étang d'Urbinu, dans
la juridiction d'Aleria, par arrêt du Conseil d'État et lettres-patentes du
18 avril 1789, enregistrées au Conseil Supérieur de la Corse le 8 janvier
1790.
Gentile (de) (Ajaccio / Aiacciu), le 22 juin 1787.
Gentile (de) (Nonza), le 27 mars 1776.
Gentile (de)(Rogliano / Ruglianu), le 28 mars 1774.
Gentile (Calcatoghju), le 16 décembre 1774.
Giacomoni (de) (Sainte Lucie de Tallano / Santa
Lucia di Tallà), le 29 avril 1778.
Giudicelli
(Montemaggiore,Occi,Olmi-Capella), issue d'après la tradition d'un comte
Giudicello de Calvi . Qualification de nobilissimi dans les actes
paroissiaux .
Luiggi (Crucien Joseph) le 20 juillet 1828
comte d'Avignon marié à Marie Louise de Maisonblanche, dont quatre fils et
une fille (arrière arrière petite fille non légitime de
Louis XIV)[réf. nécessaire].
Marengo (Bastia, originaire de Gênes), le 27
septembre 1787 ("comte d'Algo" dans certains actes).
Ramolino de
Coll'Alto, anoblissement par lettres : comte 1870, Corse
Les sgio
Le XIXe siècle
est le temps d'un renouvellement des élites insulaires. On peut les nommer les
noblesses, car bien des anciennes familles en font évidemment partie et les
nouvelles imitent leur comportement. En fait il s'agit désormais d'une
notabilité liée à la puissance électorale et toujours foncière. L'hérédité des
charges politiques reste la règle. Les membres de cette catégorie sont appelés
"sgio", appellation dérivé de l'italien "signor" signifiant "seigneur" , il
s'agit plutôt d'un "Monsieur" très déférent, traduction que donnent la plupart
des linguistes actuels mais qui n'est pas satisfaisante. Monsieur en effet est
banalisé dans l'usage actuel alors qu'en présence d'un Sgio, le villageois,
berger ou tenancier utilisait le vocatif (O Sgio Natale...), mettait bas la
coiffure et, bien sûr, vouvoyait. On pourrait le traduire par l'anglais Sir ou un "Maître"
particulièrement déférent. Dans une conversation l'usage était de laisser tre passi (3 pas)
entre le supérieur et l'inférieur. Certains sgio avaient de gros chiens dressés
à faire respecter la distance.
Son acception est variée : au sens large, il
désigne la classe des propriétaires terriens qui emploient les paysans sur leurs
terres. Au sud, terre des seigneurs, ce mot se teinte d'une connotation quasi
féodale, dans l'esprit du clan et les sgio sont très peu nombreux. Au nord,
terre du commun, il désigne une grande partie des adultes hommes de la première
classe sociale. Ce terme est ainsi attribué automatiquement aux magistrats,
médecins "U sgio duttore", aux hommes politiques locaux ou régionaux (les maires
notamment), à certains prêtres " U sgio piuvanu" et enfin, aux personnes envers
qui on est profondément redevables. Néanmoins le titre était, dans les faits,
quasi héréditaire et était alors suivi du prénom, " U sgio Michele". Seuls
quelques hommes, vieillards ou serviteurs particulièrement appréciés, pouvaient
substituer au vocatif "O sgio
Matteu" un "O cumpa", presque démocratique. L'épouse et la mère d'un sgio
avaient le titre correspondant de signora : "A signora Paulina".
C'est le caractère informel et presque spontané de
cette appellation qui fait qu'on ne peut le définir comme un titre de noblesse
au sens juridique. L'appellation de sgio n'est plus donnée aux notables depuis
le début des années 1960, phénomène lié aux évolutions de la société rurale
insulaire mais aussi à la régression de la langue corse. De nos jours, cette notabilité presque aristocratique
sans titulature perdure dans les diverses lignées d'hommes politiques corses qui
dominent la politique insulaire, parfois depuis le Second Empire ou
la
3e
République1.
Un grand nombre d'autres familles corses peuvent
s'enorgueillir de la noblesse. Cette liste contient les noms de quelques
familles de caporaux et de gentilshommes corses n'ayant pas été reconnues nobles
par la monarchie française entre 1769 et 1789. Certaines familles illustres, qui
avaient lutté pour la liberté, contre le roi de France et aux côtés de Pasquale
Paoli, ne daignèrent pas même se présenter aux recensements des nobles par
l'administration française. D'autres ne se présentèrent pas croyant que le
statut de l'île allait encore évoluer (il existait en Corse à côté des partis
"nationaux" et "pro-français", un parti "impérial", un parti "papal" ou encore
un parti "espagnol"). Enfin, certaines se présentèrent et furent refusées. Cette
question de la reconnaissance de la noblesse est une question complexe dans une
île où les origines nobiliaires des familles sont multiples.
Agostini [archive]
(branche de Scata). Famille issue des Cortinchi de Lumito21.
Baccielieri (ou Baccialieri) (Ville di Parasu).
Issue du seigneur Ghjuseppu Maria Baccialieri, de Ville di Balagna, qui
aurait été reconnu noble par un acte des Protecteurs de l'Office de Saint
Georges, du 8 février 1454.
Battistini (Bastia). Acte de reconnaissance de
noblesse par les magistrats de Bastia du 18 novembre 1727.
Biadelli (Bastia), mention est faite de cette
famille depuis la fondation de la ville.
Bonavita (Bastia).
de Brunelli (Calvi).
Carbuccia (de) (Bastia), Originaire de Carbuccia,
prés d'Aiacciu. Fixée à Bastia depuis 1500 environ, avec Oraziu Carbuccia.
Carli (Spiluncatu). Originaire de Lucques.
Etablie en Corse au XVIe siècle.
Décret de 1684 créant Caporaux Ambrughju Carli et ses descendants.
Casanova de Pioghjula (ou Pioggiola), famille
d'origine romaine dont la reconnaissance de noblesse est datée du 9 janvier
1454.
Casanova d'Arraciani (Pruprià).
Colonna de Giovellina, lettres patentes de la
République de Gênes du 23 décembre 1662
Defendini (Prunelli), le 20 janvier 1707. (Titre de Noblesse Princière)[réf. nécessaire].
Filippi, (Quenza), Porti Vechju. Issue de Filippo di
Quenza, exécuteur testamentaire de Rinucciu della Rocca (1510). Actes de
reconnaissance de noblesse datant de 1561.
Forcioli-Conti (Ajaccio) Issue de la Maison Bozzi.
Actes notariés de 1604 à 1614. Elle tire son nom de la tour et du village de
Furciolu.
Lanfranchi (de) [archive]
(Livia), dans la région de l'Alta-Rocca. Le Capitano Lanfranco delle Vie
bénéficie d'une reconnaissance de noblesse le 25/05/1592 et est exempté de
taille tout comme son fils Orazio. Orazio est Noble Six en 1585, élu orateur
du Delà des Monts. Il obtient confirmation de la benemerenza familiale (pour
lui et ses fils Lanfranco, Cesare et Aurelio et pour son frère Pietro) le
quitus pour son action comme orateur du Delà des Monts, du Sénat de Gènes le
12.9.1592. Son fils, Simon Francesco, époux de Constanza Musso, obtient le
brevet de chevalier du Saint-Sépulcre délivré à Jérusalem le 24.10.163022.
Les Lanfranchi de Livia sont inscrits sur le " Registri feudi e famiglie
nobili" 23
Malaspina
(Belgodere, Speloncato, Monticello, etc), maison considérée comme issue de
l'illustre famille Malaspina
appartenant aux Obertenghi
qui régna sur la Toscane puis sur la Lunégiane24.
Paganelli (Cervioni e Mucchiettu), du puissant clan
des Cottoni, originaire de Florence, elle joua un rôle important dans les
premières années de la révolution corse. Elle était membre du parti
pro-génois.
Vincenti (de) (Santa-Reparata-di-Balagna), agrégée à
la noblesse de Lucques par lettres patentes du 3 décembre 1835.
Notes et références
Notes
. Le terme castrum est utilisé dans le sens
que lui donnent les textes médiévaux relatifs à la Corse, c'est-à-dire à
la fois de fortification isolée et/ou d'habitat fortifié associé à un
château, dont Ortifusci et Mutula - Daniel Istria
Références
La tragique histoire des corses, Dom
Jean-Baptiste Gaï, Ed. S.A.P.R.A.
François Berengeri, gonfalonier à
Florence en 1477, père de Charles Berengeri, exilé par les Medicis en Corse où
il épouse Marguerite Gonfille, dont il eut Antoine-Orso Berengieri Ier, dont le
petit-fils Antoine-Beranger II quitte la Corse pour s'établir à Marseille. Il
est le père de Jean-François Berenger, seigneurs de Granbois et de La Baume,
premier consul de Marseille.
Cette famille s'établit en seigneur
sur la contrée de Cap-Corse et s'éleva sur la côte occidentale le fort de Nanza.
Cependant elle dût rétrocéder une partie de leurs possessions à Ansaldo del
Mare.
Selon Heinrich-Leo Dauchez, dans son Histoire
de l'Italie depuis les premiers temps jusqu'à nos jours,
1856, les familles Avogari et Peverelli s'établirent en seigneurs sur la contrée
de Cap-Corse et s'élevèrent sur la côte occidentale le fort de Nanza. Cependant
elle durent rétrocéder une partie de ses possessions à Ansaldo del Mare.
Suivant François Antoine Mariani, "Speloncato de A à Z",
p. 12,
3e
édition, septembre 2006 - travail accessible en ligne
En 1528, Andrea Doria établit la liste
des vingt-huit familles nobles génoises capables d'occuper des charges de
gouvernement et de parvenir à la dignité de Doge: Calvi, Cattanei, Centurioni,
Cibo, Cigola, Doria, Fieschi, Fornari, Franchi, Gentili, Giustiniani, Grilli,
Grimaldi, Imperiali, Interiani, Lercari, Lomellini, Marini, Negri, Negroni,
Pallavicini, Pinelli, Promontorj, Salvaghi, Sauli, Spinola, Vivaldi, Vesodimari.
Les branches cadettes, encore
représentées aujourd'hui dans plusieurs villages de l'île, sont issues des
nombreux officiers et administrateurs ayant fait souche sur place (dont on
retrouve notamment la trace au travers du "guide des sources de l'histoire de la
Corse dans les archives génoises" d'Antoine-Marie Graziani)
Selon l'intendant Chardon, "Il
n'y a que deux familles nobles à Bonifacio : la Maison Doria et la Maison de
Galiano (toutes deux d'origine génoise) formant en tout huit gentilshommes" (en
1769)
Selon l'intendant Chardon, « Il n'y a
(en 1769) que deux familles nobles à Bonifacio : la Maison Doria et la Maison de
Galiano (toutes deux d'origine génoise) formant en tout huit gentilshommes »
armorial de la corse,
bibliothèque Fesh, Ajaccio, page 132
Originaire de Savone, reconnue
noble en France en 1782.
Famille de corsaires génois, reconnue
noble en France en 1788. Antoine Marie Suzzarelli fut député à la Convention en
1793.
En
1460, l'archevêque de Sassari écrit à Giovanni Cattacciolo, notable de
Bonifacio, pour l'informer de tous les privilèges que le Roi de Sicile Ferdinand
1er
est prêt à accorder aux Corses si ces derniers chassent l’Ufficio di San Giorgio
de l’Ile. Son descendant Filippo Cattacciolo reçoit et loge en 1541 Charles Quint,
empereur d'Allemagne et roi d'Aragon, dans sa maison à Bonifacio.
Ouvrage en ligne,
p. 12,
qui cite notamment une lettre du roi Théodore adressée au "Très cher comte
Malaspina" [1] [archive].
Cette distinction n'est pas surprenante, d'autant plus que ce personnage était
cousin germain du général-comte Simon Fabiani
Armorial Corse de
François Demartini; Nouvel Armorial de Corse
de Jean-Christophe Orticoni, Armorial de Corse
de Colonna de Cesari Rocca
Acte de RNF publié in Jacques Meurgey: Les
barons Mariani et leurs alliances, Imprimerie
Daupeley-Gouverneur, Nogent-le-Rotrou, 1933. Rattachement invoqué aux princes
napolitains du même nom
Ours-Jean Caporossi, d'après
l'armorial de Corse
Jean Tiburce de Mesmay, Horace
Sebastiani, page 316
"Armorial de la Corse", Tome 1, p. 374-375,
De François Demartini Préface de Michel Vergé-Franceschi, Ed Alain Piazzola
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Ouvrages généraux sur l'histoire de la Corse où il est
fait état de questions relatives à la noblesse et aux familles notables ou
influentes:
Michel Vergé-Francesci (préface d'E. Le Roy
Ladurie), Histoire de Corse,
2 tomes, édition Le Félin / Kiron, 2007
La Réunion définitive de la Corse aux États de la
Commune de Gênes, Gênes, 1900.
Recherches sur la Corse au Moyen Âge. Les origines
de la rivalité des Pisans et des Génois, Gênes, 1901.
Histoire de la Corse écrite pour la première fois
d’après les sources originales, éd. Jouve, Paris 1908.
Histoire de Corse,
en collaboration avec Louis Villat, Paris, 1916.
Mémoires du Sébastien Costa, grand chancelier du roi
Théodore
Correspondance
de Pascal Paoli (5 tomes parus à ce jour)
Evelyne Luciani, Louis Belgodere, Dominique
Taddei : Trois prêtres balanins au cœur de
la révolution corse - Erasmo Orticoni, Gregorio Salvini, Bonfigliuolo
Guelfucci, éd. Alain Piazzola, 2006.
NB : les références bibliographiques complètes seront
introduites sous peu
Ouvrages consacrés à la noblesse corse
Pierre-Paul Raoul Colonna de Cesari Rocca :
Armorial corse,
éd. Jouve, Paris,
1892;
rééd. Jeanne Laffitte, Marseille,
1987 (le
premier ouvrage sur les sujets, écrit sur la base de contributions des
familles; marqué par son époque, très succinct mais généralement
fiable).
François Demartini :
"Armorial de la Corse", éd Piazzola, Ajaccio 2003 (est
devenu l'ouvrage de référence, son auteur ayant sillonné toute la Corse
durant des années et ayant non seulement relevé le plus grand nombre
possible de blasons, mais aussi consulté un grand nombre d'archives
privées et publiques; il a aussi recueilli les traditions familiales et
témoignages divers; la magistrale introduction de Michel
Vergé-Franceschi constitue sans doute désormais "la" référence à toute
présentation du sujet).
Jean-Christophe Orticoni :
"Nouvel Armorial corse" (plus précis sur certaines familles mais
nécessite parfois de revenir aux sources primaires).
Michel Vergé-Franceschi : Le Cap corse, généalogies et destins,
éd Alain Piazzola, 2006 (une mine de renseignements sur la plupart des
familles nobles et notables du Cap).
Daniel Istria :
Pouvoirs et fortifications dans le
nord de la Corse : du XIe siècle
au XIVe siècle,
Éditions Alain Piazzola, Ajaccio 2005.
Jacques Meurgey: Les barons Mariani et leurs alliances,
Imprimerie Daupeley-Gouverneur, Nogent-le-Rotrou, 1933 (un grand
classique et même l'un des ouvrages fondateurs en dépit de ses
insuffisances liées à l'époque où il a été élaboré) (consacré aux
Mariani, mais aussi aux Arrighi de Casanova, Boerio, Caraccioli dont
l'acte de RNF est publié, etc)