Association pour l’Étude Généalogique et Historique de la Famille Colonna d’Istria

 

 

                                                                                                                  ISTRIADES 2013

 

 

Lors des deux précédentes ISTRIADES, il semblerait que nous ayons  quelque peu usé, pour ne pas dire abusé d’exposés historiques, lesquels, si intéressants fussent-ils pour certains, confinaient rapidement au gavage, pour d’autres. À notre corps défendant, considérant à l’époque le possible échec de notre quête mais, aux innocents les mains pleines, avions-nous décidé de solliciter deux pointures de l’Histoire Corse, en l’espèce Antoine-Marie Grazziani et Francis Pomponi, et délégué à deux d’entre nous le soin d’en approcher séparément chacun un.  Les deux, à notre effroi, ont répondu avec enthousiasme à notre appel. Tout à notre bonheur soudain, nous n’avons pas su choisir l’un plutôt que l’autre. Hommes de peu de foi aurait-on pu nous objecter.

 

Pour cette troisième rencontre, nous effectuons une pause, mais je suis loin de croire que vous y gagnerez. Parce que vous allez devoir me supporter.

 

Le site consacré à notre famille et que j'ai  le plaisir d’animer, est doté d'un outil de mesure d'audience. Ce logiciel permet un compte-rendu journalier de l'activité de la veille, s’agissant du nombre de visites et des pages ouvertes, en France comme à l'étranger.  Pour chacun des pays l'indication géographique se limite aux  seules régions, PACA, Poitou-Charentes, Alsace, Washington, Québec, etc. sans plus de détails et sans possibilité de relier les pages ouvertes avec ce pays ou cette région, ce, pour la  formule que j'ai choisie, c'est-à-dire la version gratuite.

 

Il ressort de ces statistiques un intérêt marqué pour les pages dédiées à l'héraldique et à la noblesse. Je dis "Je", parce que seul à disposer  des clefs de l’armoire. Il va de soi qu’un double du trousseau est disponible pour qui voudrait se joindre à nous, de même que sont bienvenus toutes suggestions, tous ajouts, toutes rectifications. Ce qui se fait déjà.

À cet égard, je tiens à remercier tout particulièrement, Dominique Benetti, et Guy Scorsonne pour, Dominique, ses recherches sur :

·        U Castellu di u Corbu, sis à Viggianello,

·        Mense episcopale (s’agissant du revenu ecclésiastique attribué soit à l’évêque ou à l’abbé… et, déjà, la fraude fiscale,

·        Valdu di Pancaraccio, où il est question d’indivision en 1776.

S’agissant de Guy, pour son travail abouti sur le rameau Giovanni 27, qui permet désormais une lecture claire de notre généalogie.

 

Bien évidement ces travaux sont en totalité sur le site. S’agissant de Guy, dans la liste des tableaux généalogiques, et pour  Dominique, dans la rubrique  Histoire et histoires du temps passé.

 

De ces deux thèmes, l’héraldique et la noblesse j’ai retenu le premier. L'autre sujet, la noblesse, pouvant être envisagé, a proxima volta.

Le produit rendu est celui que vous avez sous les yeux. Certainement que le blanc éclatant, immaculé du support, peut sembler à certains atténuer le faste de nos armoiries, mais nul doute que le temps n’y pose sa patine.

 

Dans cette perspective de la remise des armoiries, nous avions invité Monsieur Laurent Granier, héraldiste et peintre-héraldiste, dont la réputation dépasse largement nos frontières, réalisateur de la peinture qui a servi de matrice à l'atelier de broderie. Malheureusement, tributaire d'un agenda établi de longue date, celui-ci a dû décliner notre proposition.

 

Qu’à cela ne tienne, me suis-je répondu, je m’y collerai. Aussi, bien modestement, je voudrais entrer, si peu soi-t-il, dans l’univers de l'héraldique, afin que, au pied de notre « Castellu », nous puissions produire des arguments incontestables. Pour ceux qui ont souscrit à l’offre de tapisserie, cette dernière, une fois encadrée et exposée aux cimaises du temps, peut-être encore ignorants de cette algèbre héraldique, pourront-ils mieux répondre aux questions légitimes de leurs invités, ou détailler à l’attention de leurs enfants, petits-enfants le contenant et le contenu de nos armoiries.

 

Au paravent, je vous livre cette définition des armoiries : « Juridiquement, les armes sont l'équivalent dessiné d'un nom propre, nom de famille ou nom de lieu, et sont accessoires à ce nom. Les armes sont une propriété régulière, transmissible héréditairement, et susceptible d'être acquise ou conférée. Le droit associé aux armoiries s'apparente à celui des marques, et c'est probablement le premier sujet sur lequel un droit international coutumier ait été élaboré. »

 

Une question toute naturelle vient à l’esprit, qu'en est-il du droit ?

 

Quatre cas sont à considérer :

 

1- L'usurpation d'armoiries et les armoiries homonymes

Bien qu’en République, la loi française reconnaît les armoiries et les considère comme un accessoire inaliénable du patronyme, qu’il soit d’ascendance noble ou non. L’honnêteté invite fortement de ne pas utiliser des armoiries qui ne nous appartiennent pas. User indûment des armoiries d’autrui peut coûter, très cher…

 

Il faut savoir que tous, individu ou personne morale, administration, collectivités etc. avons droit de posséder des armoiries. Elles n'ont jamais été un privilège de la noblesse, de même qu'elles n'induisent pas une quelconque appartenance à cet ordre.

 

Les armoiries sont donc un bien propre attaché à un nom.

 

Il ne faut pas confondre logo et armoiries. Une ville peut avoir des armoiries et un logo.

 

2 -Armoiries et lignée

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les armes sont attachées à une lignée familiale et pas au seul nom patronymique. Plusieurs familles homonymes dont le berceau est le même espace géographique n’ont pas forcément de liens de sang. Donc, toutes ne posséderont pas d’armoiries. Dans ce cas de figure, la seule solution pour savoir si une famille possède bien telles ou telles armoiries est de constituer une généalogie ascendante.

 

3 -Usurpation de titres et de couronnes nobiliaires

Il est absolument contraire à l’éthique  d’ajouter une couronne de rang nobiliaire à des armoiries non-nobles. Un particulier ne peut utiliser une couronne nobiliaire pour timbrer ses armes sans être en mesure de prouver une filiation directe attachée au titre héréditaire correspondant.

Sachons par ailleurs qu’en France, aucun titre de noblesse ne peut être légalement vendu ou acheté, le titre de noblesse étant également considéré par la loi comme un accessoire indissoluble du patronyme.

 

Pour autant, on peut se poser la question s’agissant des marques commerciales au logo timbré qui d’une couronne princière, qui ducale, qui comtale…

 

 

L’Association d’entraide de la Noblesse Française (A.N.F.) et son équivalent dans différents pays européens veille aussi à ce que ce genre de délits soit connu et puni. À cet égard, nous sommes bien évidemment reconnus par l'A.N.F.

 

4 -Enregistrements d’armoiries, protection de ses armes

Il n’y a jamais eu en France de véritable enregistrement de l’ensemble des armoiries comme cela s’est toujours fait, par exemple, en Angleterre.

L’État français n’enregistre pas les armoiries des citoyens. Aucun organisme officiel en France n’est habilité à le faire puisqu’il n’existe aucune autorité héraldique française.

Il n’y a donc que trois solutions pour protéger ses armoiries d’une éventuelle usurpation selon le principe juridique de la date certaine :

En France, les armoiries dites "historiques," comme déjà existantes sous l’Ancien Régime, (ce qui est notre cas) relèvent du droit coutumier selon lequel l’usage vaut propriété.

 

Qui d’entre-nous n’a pas été confronté un jour à cette réflexion : « Mais alors, vous êtes noble ? Ah ! Vous êtes Corse ! » Ce à quoi je jouerais ma chemise, tous, ou presque, n’avons pu qu’offrir un oui évasif pour le premier cas ! Contre un oui péremptoire, altier, s’agissant du second. Ce type de question, heureusement ne souffre pas de réponse. Et, comme le dit la sagesse populaire, la réponse est contenue dans la question. Ceci nous arrange bien.

 

Remontons les siècles jusqu’aux origines de l’héraldique ?

 

Victor Hugo parle d’algèbre, de langue, de hiéroglyphes : La formule est belle  mais ne conclue  pas qu’il nous faille trouver au préalable la pierre de Rosette spécifique à la résolution de cette équation, du moins je l’espère. L’héraldique reste somme toute une arithmétique simple.

 

Et, si j’ai évoqué Victor Hugo, permettez moi une autre citation, d’Henri de Navarre : "Mes compagnons, Dieu est pour nous ! Nos ennemis sont les siens ! Ils sont deux fois plus nombreux que nous mais nous les vaincrons ! Si vous perdez vos cornettes, ralliez-vous à mon panache blanc : vous le trouverez sur le chemin de la gloire et de l'honneur !"

Vous vous rendez compte que nous savions tout ça ?

 

La cornette n’est évidemment pas la coiffe des bonnes sœurs, il y faut voir ici l'étendard de cavalerie qui, avec le panache blanc d’Henri de Navarre sont les deux éléments visibles de ralliement dans la bataille qui s’annonce. Cette citation image déjà ce qui va suivre.

 

De fait, si l'héraldique ne plonge pas ses racines dans le sable mouvant des pyramides, elle éclot pour le cas sur le parterre des bâtisseurs de cathédrales du monde féodal du Moyen Âge. Elle n'a pu s'épanouir qu'à partir du moment où des expériences militaires, telles que les Croisades, ont rendu vraiment indispensable l'identification, rapide et sans équivoque, du combattant et de la nation à laquelle il appartenait. Porter la marque distinctive d'une nation était une nécessité pour ceux qui, après avoir quitté leur patrie, se heurtaient à l'étranger à un obstacle linguistique que seuls les lettrés pouvaient franchir, grâce au latin.

 

À une époque où la force primait sur le droit, ou plutôt était le droit, le principal devoir du vassal consistait à être toujours prêt à accompagner son suzerain dans les poursuites guerrières de ses objectifs et à le soutenir en personne. Aussi longtemps que ces entreprises n'ont concerné que des poignées d'hommes armés, il n'était pas nécessaire de les distinguer de façon systématique. On savait toujours à qui l'on avait affaire. Il en fut tout autrement lorsque la première croisade contraignit les européens à mener à bien une vaste entreprise guerrière en commun avec leurs voisins, tout en maintenant leur cohésion entre compatriotes.

 

Un premier moyen très simple de se reconnaître consiste à porter des marques de couleur à des endroits convenables de l'équipement. Le procédé est fondamental : on l'utilise encore, sur les chars d'assaut et sur les hommes. En 1968 une simple bande blanche a suffit à distinguer des tanks identiques de l'armée tchèque, les chars soviétiques intervenant en Tchécoslovaquie : les envahisseurs ne pouvaient tirer que sur les engins démunis de la bande blanche. Ce fut tout aussi simpliste vers 1100. Un certain sentiments  national s'exprima, puis se renforça, par le choix de couleurs distinctives pour les contingents nationaux des croisés. D'autre part, l'évolution de l'armement, et de l'armure en particulier, rendait l'homme méconnaissable sous son heaume fermé. Il fut dès lors indispensable de porter des insignes aisément identifiables sur son armure, à l'instar du tankiste sur son char d'assaut. Ces insignes consistaient en un objet approprié fixé au casque, en marques distinctives de couleur appliquées sur des pièces d'armure, spécialement le bouclier. Par ailleurs on a tenu compte du climat du pays qui imposait plutôt le col ouvert et le short, plutôt que la carapace de cuir et d'acier ! Le chevalier franc, lui, a dû se protéger du soleil par un couvre-nuque. Nous y reviendrons.

 

Ainsi se sont trouvés réunis les trois éléments constitutifs de toutes armoiries : l'écu, le casque ou heaume et le volet (couvre-nuque) qui donnera naissance au lambrequin. Le développement des armoiries restera toujours tributaire, en ordre principal, de celui de l'art militaire.

 

En raison du lien personnel existant entre le suzerain et son vassal, on a considéré, dans les premiers temps, que les armoiries représentaient une personne plutôt qu'une famille. Le jeune écuyer  n'entrait pas dans la vie active aux côtés de son père, mais bien aux côtés de son parrain de chevalerie. Cependant, le fait que le vassal parvint peu à peu à rendre son fief héréditaire influença les armoiries, qui devinrent de plus en plus des symboles juridiques : devenant plus stables, elles devinrent héréditaires dans les familles et permanentes pour les institutions ou les offices.

 

Je reprends, en partie, ce dernier propos : "Cependant, le fait que le vassal parvint peu à peu à rendre son fief héréditaire." Dans la société médiévale, basée sur l'économie rurale et sur la possession de la terre, il existait deux types de propriétés foncières : l’alleu, impliquant la propriété héréditaire intégrale du sol, et le fief, possession du souverain concédée à un vassal pour qu'il puisse y trouver ses moyens de subsistance et remplir ainsi son devoir  de service. La tendance du vassal fut naturellement d'assurer le bénéfice de son fief à ses descendants, ce qui conduisit à rendre le fief héréditaire.

 

À cet égard retenons que la Corse, en ces temps, était terre  Vaticane, et l'ISTRIA un de ses fiefs. Nous étions dénommés feudataires  d'Istria. Oserais-je une opinion ? Je ne crois pas que dans l'esprit de nos aïeux, comme dans les faits, la frontière entre l'alleu et le fief, ait jamais existé. Feudataire sur le papier, mais propriétaire héréditaire de sang.

 

Dès le XIIe siècle, les armoiries ont été soumises à des règles, toujours valables et pratiquement inchangées depuis qu'elles ont été formulées et consignées avec précision par des spécialistes de profession : les hérauts d'armes.

 

Les règles développées par ces hérauts sont basées sur les usages de la guerre médiévale ; la considération dont elles ont joui résulte de l'importance des activités militaires à cette époque. À la guerre ou au tournoi, chacun devait être identifié le plus vite possible et sans erreur.

 

De cette nécessité découle la règle fondamentale, dite de la contrariété des émaux, selon laquelle on ne peut mettre métal sur métal, ni couleur sur couleur. Si les figures sont de métal, le champ sera de couleur ou l’inverse. Une règle essentielle impose cette alternance : il s’agit d’éviter toute équivoque dans la perception visuelle à distance.

 

Je voudrais, avant de poursuivre, vous livrer mon sentiment : il n’y a, pour ma part, aucune ostentation dans le fait de m’intéresser à nos armoiries, elles font partie de mon héritage, de ce que je suis ; elles retracent et précisent l’Histoire des miens, c’est-à-dire de ma famille quand bien même les siècles entre tel ou tel d’entre-nous. Au contraire ces siècles me situent dans l’immensité du temps. Les armoiries ne sont pas l’apanage, ni même le signe de la fortune, elles sont le nom, d’Ugo à nous tous.

 

Dans ma bibliothèque figure depuis bientôt 40 ans, un ouvrage qui a pour titre « Le blason des armoiries. » L’auteur en est Hiérosme de Bara. L’ouvrage a été publié en 1581 puis réédité magnifiquement chez Jean de Bonnot, en 1975. »  Ce titre, la confusion de ces deux vocables, blason/armoiries, leur proximité, m’a longtemps intrigué et j’attribuais ce qui me semblait être un pléonasme, aux spécificités  langagières du XVIe siècle sans me poser plus de questions. J’ai mis du temps à distinguer les deux mots et les marier. J’ai un problème avec le mariage pour tous, mais la loi est la loi.

 

L’étymologie du mot blason est incertaine pour ne pas dire inconnue et argue d’une foultitude de paternité tant, chacun sait, ne sommes-nous que père présumé. Néanmoins, je vous en livre une, qui date du tout début du siècle dernier, extraite du  Dictionnaire archéologique et explicatif de la science du blason du Comte Alphonse O'Kelly de Galway (Bergerac 1901) qui dit : « On croit généralement que le mot Blason provient de l'allemand blasen, sonner de la trompe ou du cor, mais il dérive plutôt de blasier, mot de la basse latinité qui signifie arme de guerre. Cette dernière interprétation nous paraît la seule logique. »

 

C’est d’une limpidité rare ! On n’en sait pas plus et les mystères sont le sel de la connaissance.

 

En fait, ces deux termes blason et armoiries ont chacun leur identité.

 

Le mot « blason » tel qu’il est utilisé par le grand public est une impropriété, due à une confusion puisque dans le vocabulaire héraldique, il désigne la description des armoiries traduite en mots.

 

Les armoiries, quant à elles, sont l’ensemble formé de l’écu d’armes et des ornements extérieurs.

 

En toute chose, il faut distinguer le fond de la forme. Le fond est intangible, ici le blasonnement, la forme seule permet de la souplesse, de la fantaisie, à l’artiste d’exprimer son talent.

 

Bien entendu, c'est ce principe qui a été appliqué.

 

Le blason donc, est la langue des armoiries, (issue du Français médiéval) laquelle possède un lexique et une syntaxe qui lui sont propres. C’est la seule langue au monde qui décrive des images avec fidélité. Le blason permet de fixer par écrit un dessin ou de le transmettre sans avoir recours à l’image.

 

Pour, justement imager mon propos, nos armoiries : « De gueules à la colonne d’argent, sommée sur son chapiteau d’une couronne ducale d’or, les ornements, le chapiteau et la base aussi d’or », c’est le fond. Une couronne ducale et une colonne dont les positions sont définies l’une par rapport à l’autre, des couleurs ou émaux, le rouge, un métal, l’or, suffit à l’héraldiste pour exécuter son dessin. La forme se manifestera par le talent, l’inspiration de l’artiste et l’harmonie qu’il pourra établir entre ces différents éléments, colonne plus ou moins haute, élancée ou au contraire trapue. S’agissant de la couronne, il se conformera à l’existant.

 

Les termes « armoiries » ou « armes » (toujours au pluriel) sont donc à utiliser pour désigner soit le contenu d’un écu, soit l’écu et ses ornements extérieurs (heaume, tortil, couronne, cimier, lambrequins, devise, cri, supports, tenants ou soutiens, bannières, ordre de chevalerie…)

 

On ne porte pas un blason, on porte des armoiries. C'est ainsi ! Je n'y suis strictement pour rien.

 

Comment s’organise le blasonnement

 

Les hérauts d’armes ont défini deux ordres. Au premier chef, ce qui est particulièrement visible, les métaux et les émaux ou couleurs.

 

Les métaux sont au nombre de 2, l’or et l’argent. Et dans tout écu, il y aura dès lors une part appréciable d'or ou d'argent.

 

 

 

 

Bien que la couleur soit une caractéristique primaire, indispensable, elle n'est pas apparente quand les armoiries figurent sur des sceaux, des monnaies, voire des sculptures sur des édifices ou des meubles. Ces armoiries sont non peintes, ou la peinture en a été effacée.

 

Les hérauts d’armes, confrontés à cette éventualité d’une représentation monochrome des armoiries, ont, dans ce cas, figuré les émaux par des hachures conventionnelles, sans oublier les métaux.

 

L’or est représenté par des lignes en pointillés. L’argent est généralement neutre, blanc.

 

Les émaux…

 

Sachez que si vous avez en projet la réalisation d’un sceau, chevalière ou « tampon », à cire à cacheter ou à encre, un graveur héraldiste digne de ce nom saura s’acquitter de cette tâche.

 

Les émaux et métaux arrêtés, il a fallu codifier le champ de l’écu afin d’organiser une lecture sans équivoque et un agencement logique de son contenu. Ainsi a été définie la partition de l'écu, lequel se dit plain (comme dans de plain pied ou plain-chant) lorsqu’il n’est pas partagé : La partition est le nom générique donné aux motifs géométriques résultant de la division de l’écu ou des figures en un nombre pair de divisions égales et d’émaux alternés. Il existe quatre lignes de partition principales.

Qui sont :

·         1. le parti, celui qui nous concerne

·         2. le coupé

·         3. le tranché(G/D)

·         4. le taillé(D/G)

 

                                                                                                                             Fichier:Blaz 4guer.png

 

Ces quatre partitions de l’écu, ouvrent à des subdivisions, ou rebattements, dans la contrainte toujours de la contrariété des émaux. Le nombre de ces subdivisions est très important, plus de 80 combinaisons.

 

 

 

Si nous considérons le pavillon national français, tricolore il se lit : tiercé en pal, d’azur, d’argent, & de gueules. Sa représentation est « tiercé » en pal. Trois émaux distincts. En revanche si nous avions : bleu, blanc, bleu la définition serait pal, d’azur, d’argent & d’azur.

 

Le drapeau Corse se dit : Plain. D’argent à une tête de maure.

 

Charge : pièce sur laquelle une autre est posée. C'est le cas des armoiries de Paolo Vincenzo, marquis de Galliano qui hérite et reprend le marquisat de son oncle maternel, et charge à cœur de trois coqs les armoiries Colonna d'Istria.

 

Ce sont quelques unes de ces partitions qu'on retrouvez sur les badges. Il m’a semblé intéressant en 2008, pour les premières ISTRIADES, afin que chacun puisse s’identifier ou situer son vis-à-vis, d’utiliser ces symboles héraldiques.             

Parti 

Comment se lisent et se traduisent, nos armoiries ?

 

Nous sommes convenus que les armoiries sont le nom. En ce qui nous concerne, Colonna et Istria. Quelques mots sur leur étymologie.

 

COLONNA. Les premiers à porter le nom auraient été ainsi baptisés en raison de la proximité de leur résidence avec  la colonne Trajanne. Comme on peut s’appeler Dupont ou Duval ou Ogliastroni.

 

Nous devons au cardinal Asciano Colonna, dans une lettre adressée à Sebastiano d’Ornano en 1597, la confirmation de notre parenté, de nos origines communes, et le droit de porter leurs nom et armes   "...Quant à notre nom de famille et au blason de notre race, colonne d’argent peinte sur champs de gueules, ornée d’une base et d’un chapiteau en or, surmontée d’une couronne d’or, nous vous en faisons part volontiers... " (Il faudrait ici reprendre le texte en latin et vérifier que le vocable utilisé se traduit bien en français par "blason").

 

ISTRIA : Istria, était dans les temps les plus lointains un comptoir grec établi à l’embouchure du Danube, vers 700 avant notre ère, (Herodote) par des colons venus de Milet en Ionie (la date de sa fondation serait 657/656.) Pour certains spécialistes la cité aurait pris son nom du Danube dont la partie inférieure était appelée Ister et pour les grecs, Istros.  Istria s’écrit aussi Histria ou Histrie, s’agissant du site archéologique (fouilles depuis 1914.) On peut penser qu’au cours des guerres puniques un mouvement migratoire s’est créé vers la corne de la Croatie dont le toponyme est Istria, et les premiers habitants les Histres, et vers la Corse pour s’établir dans le golfe du Valinco, où la similitude géographie s’apparente avec le Taravo, à celle de l’embouchure du Danube. J’avoue que l’idée me séduit tant il est constant que les peuples migrants ont depuis toujours rebaptisé les sols investis du nom de celui qu’ils venaient d’abandonner.

 

Ceci dit, revenons à nos armoiries, comment se lisent-elles, ou si vous voulez, quel en est le règlement ?

 

Parti, de gueules et d'argent

Au 1 qui est Colonna. De gueules à une colonne d’argent, sommée sur son chapiteau d’une couronne ducale d’or, les ornements, le chapiteau et la base de la colonne aussi d’or.

Au 2 qui est Istria. D’argent au château naturel surmonté d’une balance de sable mouvante du chef.

 

Voyons le mot Gueules

Deux thèses s’affrontent parmi d’autres. Certains auteurs, comme Jouffroy d'Eschavannes (XIXe), voient l'origine du terme dans un mot d'importation persane gul ou ghiul, qui désigne un rose pâle. Certains, en revanche, pensent que l'étymologie est douteuse et le rapprochement lointain, alors que le mot « gueules » était couramment utilisé dans le vocabulaire des teinturiers pour désigner la gorge de petits mustélidés (fouine, martre), et par extension, les fourrures faites à partir de celles-ci. Le mot est même utilisé dans le langage courant, témoin cette lettre de Bernard de Clairvaux à l'archevêque de Sens (Sur la conduite des évêques) parlant de « fourrures de gueules » dont se parent les évêques.

D'autres notent que, copiant l'usage romain de la toge prétexte du latin praetextus, (bordé, donc bordée de pourpre), c'est la bordure, le collet (la gorge donc) des pelleteries qui est teinte en rouge au Moyen Âge.

 

D'autres, encore, voient, dans ce mot, la contraction du latin conchylium « pourpre .»

 

C’est clair, on n’y comprend rien. Mais le rouge reste GUEULES, et ce devrait nous suffire.

 

Pour ce qui est du 2, un peu plus hermétique : d’argent au château  naturel surmonté d’une balance de sable  mouvante du chef,

À ma connaissance, il n'y a jamais eu de dépôt de règlement d'armoiries à l'exclusion de celui figurant sur l'acte de recognition de noblesse d'Ignace Alexandre au XIXe siècle, où il est précisé : l'écu timbré d'une couronne comtale. Rappelons qu'Ignace Alexandre est fait comte par lettre patente du 24 juillet 1825, sans attribution de lieu, c'est-à-dire 55 après qu'Ottavio fut réintégré dans la possession du titre de COMTE de Cinarca.

 

                                                                              

 

Ce qui montre que les armoiries ne sont pas figées mais vivantes.

 

C'est  Ignace Alexandre  qui dépose le règlement  des armoiries portées avant lui par Ottavio,  en  distinguant son rameau par la marque de la couronne comtale et non ducale. Rappelons que ce rameau n'est pas répertorié dans l'acte de recognition de noblesse du 20 décembre 1773. La raison tient, selon notre regretté parent Camille du rameau Joseph-Antoine 15, au fait que Francesco Maria, le trisaïeul d'Ignace Alexandre aurait été absent de Corse au moment du rattachement de la Corse à la France.

Je voudrais profiter de cet instant pour lever une autre confusion, l'acte de recognition de noblesse du 20 décembre 1773, précise : « de noblesse prouvée au-delà de 200 ans. » Pour les forts en thèmes 1773 - 200  donne 1573 et au-delà selon l'acte. La proclamation de Napoléon comme empereur des français date du 18 mai 1804, son couronnement du 2 décembre suivant. Rien à voir pour ce qui nous concerne avec la noblesse d'empire, rien à voir avec l'aigle napoléonienne. Nous sommes, pour reprendre la pensée de Michel Marie d'Ornano, de noblesse immémoriale en opposition à noblesse de race, encore que l’idée actuelle de supprimer le mot race, m’interpelle comme on dit. Voici les termes de l’hommage rendu le 14 septembre 1943 par le Général GIRAUD à Paulin Colonna d’Istria  lors de la remise la Croix de chevalier de la légion d’honneur :

« Le chef d’escadrons COLONNA d’ISTRIA a, pendant six mois, mené sur sa terre natale une vie de proscrit, relevant les énergies, armant les patriotes, préparant avec un courage indomptable la libération de son pays. A su, pendant les heures tragiques, incarner les plus belles qualités de sa race : fierté indomptable,  haine farouche de l’ennemi et profond amour de la France. »

Pour ma part, si nous devions avoir une devise, fierté indomptable,  haine farouche de l’ennemi, ce me conviendrait bien.

Nous tenons notre noblesse non pas de la faveur d'un quelconque gouvernant du moment, mais de nous-mêmes et du peuple. Il en va pareillement pour le titre de comte porté par Octave. Je termine cette incise, nous sommes en regard de la République, non pas "noble" mais "d'ascendance noble." C'est ce que, pour ma part, je revendique.

Revenons à nos moutons, en l’occurrence l’héraldique.

 

Nous avons vu le blasonnement, passons aux ornements extérieurs.

 

Ce sont les tenants, supports et soutiens, c'est-à-dire tout ce qui figure hors de l'écu. Ils n'ont pas la même valeur ou n'en ont strictement pas.

 

Avec le temps, les armoiries, ont dépassé leur seule utilité militaire : l'art s'en empara aussitôt qu'elles devinrent des insignes purement graphiques. Au XIIe siècle, les artistes pouvaient s'inspirer de la réalité. Le chevalier portant lui-même son écu ou l'écuyer chargé de l'équipement de son maître fournissaient des modèles quotidiens de tenants, dont la somptuosité devait être reproduite inévitablement dans l'art. On donne le nom de tenants aux personnages humains (hommes sauvages, chevaliers, anges, saints) qui tiennent l'écu. C’est ainsi que les plus anciennes armoiries connues, celles de Geoffroy Plantagenêt à la cathédrale du Mans, ont été effectivement portées par leur titulaire et ont été reproduites en couleur sur la lame funéraire émaillée (Feuille de métal, longue et peu épaisse, toujours rigide, fermant une plate-tombe. Elle peut être émaillée, peinte ou gravée et comporter une épitaphe. Ne pas confondre la lame funéraire avec la plaque funéraire. La lame funéraire peut avoir été extraite de la plate-tombe (dalle) et placée verticalement contre un mur.) Toute représentation d’un seigneur avec son écu constitue en fait un modèle de tenant héraldique. On réserve le nom de supports aux animaux, réels ou fabuleux qui supportent l'écu. Enfin, s'il s'agit d'objets inanimés tels que colonnes, arbres, etc., on parle de soutien. Pour celles et ceux qui possèdent l'ouvrage d'Ottavio, ils n'auront qu'à s'y reporter. Tous ces symboles sont représentés sur l'eau-forte.

Nous nous arrêterons, en premier lieu, pour ce qui nous concerne, sur le support, en l'occurrence l'aigle et son écu. L’aigle est une des quatre figures principales de l’occident médiéval, avec la croix, le lion et la fleur de lys. Cette aigle, bicéphale, m'a passablement ennuyé. En toute logique, Ottavio aurait dû représenter une aigle -en héraldique aigle et du genre féminin- aux ailes éployées qui est l'aigle du Saint empire romain germanique. L'héraldiste que j'ai cité m'engageait vivement à cette modification. Je n'ai pu m'y résoudre. Pour deux raisons. L'une tient au manque de temps pour me livrer à une consultation auprès de chacun des souscripteurs, l'autre ma gêne de "trahir" Ottavio. Les pattes ont été allongées pour donner une impression de plus de force.

 

En revanche, je n'ai pas eu d'hésitation à l'égard du heaume ainsi que du positionnement de la couronne.

 

Le heaume n'est jamais représenté sans ses lambrequins, ce lambeau d'étoffe est partie intégrante du heaume, je rappelle que le lambrequin est l'héritier du couvre-nuque, stylisé par la suite dans le blasonnement. Dans le cas présent il fallait soit introduire ces lambrequins,  déborder et surcharger les cous de l'aigle ou les masquer, soit supprimer le heaume ou supprimer l’aigle et la couronne. J'ai jugé flagrante la faute du conseiller d'Ottavio et supprimé le heaume que certains, par le passé ont pu remplacer par la tête de maure. S'agissant de la couronne ducale, dans cette configuration, elle est toujours libre, « flottante » je dirais. C’est pourquoi, suivant la même logique, j’ai décidé de détacher la couronne de l’aigle.

S’agissant expressément des armoiries brodées, vous remarquerez que le fut du pilier est cannelé. Il s’agit en fait  d’un effet de relief. La broderie industrielle reste, somme toute, assez limitée, par comparaison à une broderie manuelle ou, bien évidemment, la tapisserie. Mais le coût n’est plus le même.

 

Le format retenu de 40/30 cm, répondait à l’exigence de se tenir dans les limites des formats standards d’encadrement, mais qui laisserait suffisamment de marge de sécurité au brodeur dans l’exécution des détails des couronnes.


Par essence, les armoiries ne sont pas figées dans le temps. Je pense les avoir un peu dépoussiérées.

Je vous livre pour conclure 3 ouvrages qui traitent de l’héraldique :

Nouveau guide de l’héraldique. Pierre Joubert. Edition Ouest France

Figures de l’héraldique. Michel Pastoureau. Collection découvertes. Gallimard.

Le grand livre de l’héraldique.  Ottfried Neubecker. Editions Bordas.


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