XII

 

Mgr Colonna d'Istria n'avait occupé aucun poste im­portant ; il était éloigné de la France depuis de longues an­nées et n'y était point rentré. (1) On est amené naturellement à se demander comment et pour quel motif le choix du Pre­mier Consul se porta sur lui.    .

Portalis, qui était comme on le sait d'Aix-en-Provence, avait-il connu et apprécié le jeune prêtre corse ? Les géné­raux Cervoni et Sebastiani, ou Masséna l'avaient-ils recom­mandé ? Fesch, oncle de Bonaparte et Joseph, son frère qui se disait quelques années après «l'ancien ami» de l'Evê­que de Nice, auraient-ils proposé Mgr Colonna au choix du Premier Consul qui peut-être du reste le connaissait personnellement ? Autant de questions difficiles à résoudre.

Les bulles de Mgr Colonna d'Istria furent expédiées à Rome sans aucun frais (gratis etiam pro scriptural) sous la date des 24 et 25 mai 1802. Elles furent remises au nouvel élu (2) qui peu après se rendit à Paris pour prendre les ins­tructions du Cardinal-Légat et, celles de Portalis.

Mgr Colonna reçut la consécration épiscopale le 11 juillet 1802, cinquième dimanche après la Pentecôte, dans l'église des Carmes (actuellement 70, rue de Vaugirard) que Mme de Soycourt avait rachetée avec le vieux couvent, témoin des massacres de septembre, pour y réunir une com­munauté de Carmélites. Le prélat consécrateur fut Mgr Antoine-Xavier Maynaud de Pancemont, évêque de Vannes, assisté de Mgrs Louis Sebastiani della Porta, évêque d'Ajac­cio, et Hilaire-François de Chevigné, évêque de Séez (3).


(1) Dans l'enquête de l'an IX, Arch. Nat. F 19 865, on trouve une liste des prêtres recommandables envoyée à Chaptal, ministre de l'Intérieur, par le préfet du Liane et datée d'Ajaccio le 18 Fructidor an IX (5 septembre 1801) ; on y lit : Colonna d'Istria, 40 ans, domicile Bicchisano (Corse), prêtre qui a émigré pour ne pas vouloir prêter le serment, il n'est pas encore radié, ni rentré dans le département

(2) J'ai vu ces bulles au nombre de 7 dont 5 sur parchemin et 2 sur papier aux Archives du Chapitre réunies sous une même bande avec une copie du décret détachant Nice de la Métropole d'Embrun et l'unissant à celle d'Aix. La bulle est datée du 3 des Calendes (29 novembre 1801) et le décret de Caprara, de décembre est du 9 avril 1802.               ­

(3) D'après un certificat délivré par Mgr J .-B. du Belloy, archevêque de Paris, le 16 juillet 1802. Arch. du Chapitre de Nice.