Martin V

Oddone COLONNA  - Né à Gennazzano - Élu le 11 novembre 1417 - décédé le 20 février 1431 - Enterré à Laterano


  Celle-ci mit fin effectivement au schisme, car Jean XXIII accepta sa déposition, et si les antipapes Benoît XIII et ensuite Clément VIII tinrent bon jusqu'en 1429, ils n'eurent qu'un nombre infime de partisans. Mais si le concile avait escompté que Martin se ferait le promoteur d'une réforme «de la tête et des membres», il fut déçu. Par égard pour l'opinion publique, Martin effectua quelques réformes limitées; mais il était résolu à réaffirmer l'autorité pontificale et non à la réduire, et il ne pouvait se permettre une importante perte de revenus. Il restructura aussitôt la curie comme l'avait prévu le concile, puisant parmi les fonctionnaire pontificaux d'obédience aussi bien avignonnaise que romaine; mais les règlements qu'il édicta pour sa chancellerie (26 février 1418) ne supprimait pas les abus et laissaient au pape ses droits de collation des bénéfices. Le 20 mars 1418 il promulgua sept réformes, relatives surtout à la fiscalité pontificale et aux abus des mandats de provision (autrement dit, le pape renonçait à revendiquer les revenus des sièges vacants); il négocia ensuite des concordats distincts avec l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre. Si ceux-ci réduisaient les prérogatives pontificales, ils étaient limités, sauf dans le cas de l'Angleterre, à cinq ans; Martin reprit ensuite l'ancienne politique des réserves au Saint-Siège, dans la mesure où les gouvernements le permettaient. Ainsi il réussit fort bien, à la fois dans le nord (1425) et dans le sud (1426) de la France, à récupérer des privilèges perdus pendant le schisme; mais il échoue dans ses efforts réitérés pour obtenir la révocation des statuts anglais des *proviseurs (qui interdisaient la nomination par le pape aux bénéfices vacants). Il clôtura le concile le 22 avril 1418, et dans une constitution du 10 mai, qui ne fut pas publiée, il interdit tout appel du pape à un concile futur.

    Martin se mit aussitôt en devoir de tirer les États pontificaux du chaos où  ils avaient sombré pendant le schisme. Bien que pressé  de résider soit en Allemagne, soit en Avignon, il quitta Constance le 16 mai 1418 et, après de longs séjours à Mantoue et à Florence, il entrait à Rome le 28 septembre 1420. En échange de concessions faites à la reine Jeanne II de Naples (1414-1435) il avait pu obtenir le départ des troupes d'occupation napolitaines. Le principal obstacle était désormais le puissant condottiere Braccione di Montone, qui dominait l'Italie centrale. Martin le contint d'abord en le reconnaissant comme seigneur de Pérouse et d'autres cités, puis le défit à la bataille de l'Aquila (2 juin 1424); en 1429 il écrasa par les armes un révolte de Bologne où toute l'Italie du Nord se trouvait impliquée. En réorganisant les États pontificaux, il put non seulement renflouer son trésor mais enrichir ses parents Colonna de vastes domaines dans les territoires de la papauté.

    Martin accrut le prestige de sa charge en Europe; il envoya de nombreuses ambassades en mission de paix, notamment  vers l'Angleterre et la France, toujours engagés dans la guerre de Cent Ans (1337-1453). Il maintint des contacts avec Constantinople et accepta en principe d'y tenir un concile d'union; mais en raison de la situation politique et des exigences considérables de l'empereur byzantin, il n'y eut dans l'instant aucune suite. Il ne réussit pas mieux dans les croisades qu'il proclama en Bohème contre  les adeptes du réformateur Jean Huss (v. 1369-1415). Il fit preuve d'une modération inaccoutumée envers les juifs; il dénonça en 1422 et en 1429 des prédications violemment anti-juives et interdit le baptême forcé d'enfants juifs âgés de moins de douze ans. En 1427 il reçut le réformateur franciscain Bernardin de Sienne (1380-1444) et approuva la dévotion au Saint Nom propagée par lui. À Rome il mit en œuvre un vaste programme de reconstruction d'églises et de bâtiments publics tombés en ruine, s'assurant les services d'artistes célèbres.

    Malgré sa répugnance envers les conciles et envers la théorie qui leur subordonnait les papes, il obéit au décret Frequens (5 octobre 1417) de Constance imposant la tenue de telles assemblées à intervalles réguliers; il en convoqua une à Pavie cinq ans plus tard (22 septembre 1423). Il n'y assista pas lui-même, et suite à une épidémie de peste ses légats transférèrent la réunion à Sienne. Comme à Constance, des tendances anti-papales s'y manifestèrent bientôt, Martin prit donc prétexte du petit nombre des participants pour dissoudre le concile en mars 1424, tout en annonçant la tenue d'une nouvelle assemblée à Bâle en 1431. Entre temps, il jugea prudent de promulguer lui même une constitution de réforme (16 mai 1425) portant principalement sur le train de vie de le curie et sur la résidence des prélats. 

   Dès la fin de 1430 les pressions publiques en vue d'obtenir la réunion du concile promis augmentaient; Martin céda à contrecoeur. Le 1er février 1431 il nomma président le cardinal Cesarini, qu'il avait envoyé peu au paravent comme légat en Allemagne, avec pouvoir de suspendre ou de dissoudre l'assemblée comme il le jugerait bon. À peine trois semaines plus tard il mourait subitement d'apoplexie. Il fut enterré à Saint-Jean-de-Latran, où l'on peut voir son gisant en laiton.

     Dictionnaire Des Papes. John Norman Davidson Kelly (Èditions Brepols)

 

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