De ces documents et papiers, le bon ordre, la force et l’importance éclairent admirablement ce que tu crois de tes origines. Pour moi, un de mes plus chers désirs était d’avoir une vue d’ensemble, bien agencée des branches de la famille Colonna qui se trouvent dans l’Ile de Corse et qui s’y sont illustrées : Ornano, Leca, Istria, la Rocca, Bozzi et Attalà : tu as parfaitement répondu à mon vœu en me faisant tenir l’histoire exacte de ta famille d’Istria. Aussi, je t’adresse mes plus cordiales félicitations, bien persuadé maintenant que tu as pour aïeul le Grand Ugo Colonna, et qu’aujourd’hui encore, comme tes autres ancêtres de la dynastie Istria, tu maintiens l’éclat de la famille. Et je te félicite aussi moi-même, à la suite de cette affaire, à te compter au nombre de mes parents. De cette joie, je ne saurais te donner personnellement meilleure preuve que de prier le Dieu très grand et très bon, non seulement qu’il préserve ta descendance en t’accordant une longue lignée de petits enfants, mais encore qu’il suscite et augmente même, en ta personne et dans ta postérité, les vertus et les hauts faits de tes ancêtres. Que te sourie donc, à toi et aux tiens, la fortune de Diotajuti, que te vienne en aide l’habileté de Sinucello, la force d’âme de Salnese ; qu’éclate en toi et les tiens le mérite de Vincentello, Comte de Corse, qui du Pontife Martin V, Pape de notre sang, défendit les lois et les décrets avec force et sagesse, que prospère en vous la prudence du second Vincentello, neveu du Comte, fils de son frère, et l’expérience et la connaissance des affaires humaines du troisième Vincentello ; que fleurissent en vous la fidélité et l’habileté de ton aïeul, l’amour pour la République de ton grand-père, dans les temps bien difficiles qu’il connût lui aussi, qu’enfin l’honnêteté et la douceur de tes mœurs en aucun temps ne manquent chez les tiens (1). Ma lettre, je la terminerai par cette maxime mémorable :
(1) Le
Prince avait apparemment dans le dossier la lettre similaire du Cardinal de
1597 (p. 71).
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